L'hypnose, un formidable outil pour le travailleur social
Il y a quelques années, j’ai eu l’occasion d’apprendre les bases de l’hypnose ericksonnienne dans le cadre d’une formation. Avec le temps, comme souvent lorsqu’on se forme et qu’il s’agit d’intégrer les nouveaux acquis à sa pratique quotidienne, j’ai laissé le poids des habitudes reprendre sa place … habituelle. Cependant, dernièrement, j’ai eu l’occasion de me remémorer à quel point la pratique de l’hypnose peut être un formidable outil pour le travailleur social.
L’hypnose ericksonnienne est loin des feux de la rampe, des shows spectaculaires où des foules entières effectuent à l’unisson ce qui leur est commandé de faire. C’est un outil qui gagne à être connu du travailleur, de par sa douceur et les grands bienfaits qu’il peut procurer, tant à celui qui l’emploie qu’à celui qui en bénéficie. Attention cependant à en faire un usage avisé et à se former convenablement pour l’utiliser, car ce n’est pas une technique anodine.
Une connexion directe à ses ressources inconscientes
L’hypnose ericksonnienne, du nom de son fondateur, Milton Erickson, induit un état modifié de conscience (un état de « rêverie »), chez le sujet, ce qui lui permet de plonger dans son inconscient. Erickson considérait l’inconscient comme un réservoir d’expériences et de sagesses, un terreau fertile en solutions potentielles. Là est tout le bouleversement et l’incroyable potentiel de cette technique : considérer, au sens littéral et pratique, que chaque personne possède, en elle, les ressources nécessaires. Au contraire du travail social ou psychologique classique, souvent fait d’interrogations et de conseils censés permettre à la personne de trouver les solutions à ses problèmes, l’hypnose ericksonnienne considère que la personne, le sujet, est expert de lui-même.
Court-circuiter le mental
Une telle méthode est empreinte de douceur, de respect et et d’humilité. Le praticien va, grâce à un langage spécifique (le langage hypnotique), aider la personne à plonger dans un état de « transe », un état modifié de conscience, afin de court-circuiter le conscient, le « mental », qui nous pousse, entre-autre, à intellectualiser en permanence et nous coupe parfois de nos ressources intérieures. Le praticien agit comme un guide, mais la clé de l’expérience reste la participation active de la personne, qui va se connecter à ses ressources, sans les interdits et barrières habituellement mises en places par le mental. En parallèle, les endorphines produites par le cerveau permettent une réelle détente qui perdure après l’expérience.
Une grande responsabilité
Pratiquer l’hypnose ne s’improvise pas. Plonger une personne dans un état modifié de conscience est une grande responsabilité pour le praticien, qui doit assurer une séance de qualité, dans les règles de l’art, afin que, du début à la fin, la personne en retire tous les bénéfices attendus. Mal gérée, une séance peut être traumatisante. Une solide formation est donc essentielle pour qui désire utiliser cet outil dans sa pratique, même de manière secondaire.
Il n’y a pas d’hypnose sans auto-hypnose
Les bénéfices sont nombreux. Tout d’abord, pratiquer l’hypnose suggère de travailler sur la relation que l’on met en place avec nos bénéficiaires : en effet, un solide lien de confiance est nécessaire pour que la personne accepte l’expérience. Soyons sans crainte : en hypnose ericksonnienne, l’auto-hypnose est essentielle. Autrement dit, si la personne refuse l’expérience, consciemment ou non, cette dernière ne saurait pas avoir lieu. De plus, en guidant les personnes vers leurs ressources, seul le capital positif est abordé. Le travailleur tire également des bénéfices de cette méthode. En effet, utiliser un langage hypnotique permet de se plonger soi-même en état de transe légère et de bénéficier de la détente en résultant.
Ne pas confondre travailleur social et thérapeute
Il est certain qu’un travailleur social n’est pas un thérapeute et que mélanger les rôles n’est pas toujours une bonne idée. Pratiquer l’hypnose en tant qu’outil thérapeutique pur n’est donc pas forcément indiqué, du moins selon le contexte du travailleur. Par contre, les vertus apaisantes et ressourçantes (en tant que connexions aux ressources) du langage hypnotiques en font un très bon outil relationnel avec nos publics, dans une pratique quotidienne. En effet, le langage hypnotique peut être simplement utilisé, sans y associer de but d’aide thérapeutique. De plus travailler à aider à connecter les personnes à leurs ressources est indéniablement une aide précieuse, quel que soit le niveau auquel cela est effectué.
MF - travailleuse social
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