Travailleur social : (se) motiver au changement
C’est un des grands enjeux de notre métier : motiver nos bénéficiaires au changement. En effet, quel que soit notre secteur de travail, il y a fort à parier qu’à un moment ou à un autre de notre relation d’accompagnement social, la question du changement se posera, pour une situation ou une problématique. Voire même qu’elle se posera dans notre chef, que ce soit par rapport à notre métier, à notre orientation, à notre employeur.
Quels sont les mécanismes qui sous-tendent notre relation au changement ? Comment initier un changement, comment l’accompagner, comment le motiver ? Quelles stratégies pouvons-nous mettre en place avec nos bénéficiaires, mais aussi avec nous-mêmes ou nos proches ? Pourquoi changer et pourquoi ne pas changer ?
Trois conditions essentielles au changement
Pour initier un changement, certaines conditions sont requises. Tout d’abord, il faut que la situation actuelle présente un caractère insupportable pour la personne. En quelque sorte, le changement doit apparaître comme irrésistible. La personne doit également se sentir actrice, concernée par la situation. Elle doit sentir qu’elle a les rênes en main, ne fut-ce que partiellement. Elle doit également entrevoir le changement : à l’opposé du fatalisme, il y a autre chose, une autre possibilité. Si ces trois conditions ne sont pas réunies, un changement significatif ne pourra pas avoir lieu.
Travailler à les réunir
Une des premières stratégies est donc de travailler autour de ces trois conditions. Après avoir investigué, si elles ne sont pas réunies, à nous de travailler autour d’elles. Bien évidemment, en partant du principe que le changement est écologique et souhaité. Travailler notamment autour de la question de l’équilibre, du seuil d’intolérabilité, de son propre regard sur la situation, de sa part de liberté dans la situation, mais aussi des bénéfices cachés de l’absence de changement.
Engager physiquement la personne
Il existe aussi des techniques pour ouvrir les perspectives, notamment avec des personnes qui sont persuadées qu’aucune autre solution n’est possible. Parmi ces techniques, les plus efficaces sont celles qui engagent physiquement la personne. Il s’agit de sortir du mental, de la réflexion, de la posture assise pour aller vers la mobilisation corporelle, plus libératrice au niveau des sensations et des émotions. Une d’entre elles s’appelle le tétralemme, et est utilisée en thérapies brèves.
Rester dans un accompagnement écologique
Attention aussi à rester dans un accompagnement. Si ce changement n’est pas souhaité par la personne, qu’il ne lui paraît pas non plus écologique, alors nous sortirions de notre rôle d’accompagnant social en essayant de le mettre en place. De même si cela dépasse nos compétences, notre fonction, notre rôle. Ou encore si nous nous épuisons à tout mettre en place, et que la personne ne travaille pas à la résolution de son problème.
Changer sous contrainte ?
Si le changement est contraint, par exemple par le cadre de l’institution, qui conditionne l’accès à certaines aides, alors la problématique est toute autre. En effet, certains bénéficiaires vont désirer conserver leurs aides, tout en ne changeant rien. Il faut alors les confronter au principe de réalité, faire des offres et des propositions de changement, semer des graines en quelque sorte. On peut aussi essayer de gagner du temps et de l’espace en travaillant sur d’autres demandes du bénéficiaire. Dans tous les cas, l’information sur le cadre, la contrainte, les risques encourus est capitale.
MF - travailleuse sociale
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