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Pour un logement public de qualité

15/10/18
Pour un logement public de qualité

Je travaille dans une ASBL venant en aide à des personnes en situation de précarité. Nous réalisons à moindre coût une série de petits travaux et dépannages au niveau du logement. Dans ce contexte, je vois régulièrement des locataires de logements publics en grandes difficultés car des fournitures basiques ne sont pas mises à leur disposition.

Par définition, un locataire de logement public dispose d’un revenu limité, sinon, il ne peut tout simplement pas y prétendre. Pourtant, paradoxalement, ce sont ces personnes, moins aisées financièrement, qui devront parfois réaliser les frais les plus lourds pour rendre leur logement décemment habitable. En effet, certains des logements publics les plus anciens ne disposent pas d’appareils de chauffage. D’autres, même parmi les plus récents, n’ont pas de revêtement de sol dans toutes les pièces.

Logement public, chauffage privé

Certains anciens logements, en plus d’être moins bien isolés, disposent encore d’anciennes installations de chauffage prévues pour fonctionner avec des convecteurs à gaz. Dans ces cas-là, les logements sont fournis sans les convecteurs, que les locataires doivent acquérir, transporter et raccorder eux-mêmes. Cette disposition pose de nombreux problèmes financiers : les coûts de l’appareil, ceux du transport et du raccordement sont élevés. Si ce dernier n’est pas effectué dans les règles de l’art, l’installation en devient potentiellement dangereuse. Le recours à un professionnel est dès lors quasiment indispensable, ne fut-ce que pour garantir l’absence de fuite et la réouverture du compteur. Des aides financières existent concernant l’acquisition d’un chauffage. Toutefois, comme pour toute procédure administrative, il faut prendre patience …

Revêtement de sol absent

En plus de cette absence de chauffage, certains logements, en ce compris parmi les plus récents, sont fournis sans revêtement de sol dans toutes les pièces. Bien souvent, ce sont les chambres qui présentent une chape de béton nue. Le locataire est censé fournir son propre revêtement de sol et l’emporter lorsqu’il quittera le logement. L’absence de revêtement de sol n’est pas uniquement un problème d’ordre esthétique, cela l’est aussi au niveau de l’isolation et de l’entretien du logement. L’achat d’un revêtement de sol est onéreux, même en restant au moins cher possible. La pose est difficilement réalisable si on ne dispose pas d’un minimum d’outillage et de connaissances.

Refus difficile

La procédure d’attribution d’un logement rend difficile le refus de celui qui est proposé. La pénurie de logements publics et les longs délais d’attente sont un facteur à prendre en compte avant de refuser le logement proposé. Il faut cependant savoir que les personnes sont libres de refuser une fois sans conséquences, mais un refus éventuel est murement réfléchi et finalement assez rare, tant les situations financières et personnelles sont parfois difficiles. Ceux qui se voient attribuer ces logements devront dès lors faire face à des frais importants au moment de leur emménagement, en plus des frais de caution et de déménagement.

Une aide possible

Des associations et services existent pour aider les bénéficiaires dans de telles situations, mais la plupart d’entre elles effectuent les dépannages et travaux qui sont normalement à charge du locataire. Le problème est précisément celui-ci : de tels frais ne sont pas supposés être à la charge du locataire. Un logement proposé à la location est supposé disposer de toutes les commodités offrant au moins un confort basique : chauffage, eau chaude et froide, revêtements de murs et sols.

En dépit de toute logique

Les travailleurs sociaux de ces associations et services d’aide se retrouvent confrontés à des de-mandes dépassant leur cadre d’intervention car elles concernent des travaux qui devraient être faits par le propriétaire des lieux, en l’occurrence l’intercommunale responsable. Les personnes démunies ne devraient pas être celles qui doivent faire face aux frais les plus lourds au niveau de l’aménagement de leur logement. Les associations, et donc les travailleurs sociaux, ne devraient pas non plus être ceux qui se retrouvent dans la situation de devoir aider ces personnes à trouver une solution pour rendre leur logement digne car ces logements devraient être dignes dès leur remise au locataire.

MF - travailleuse sociale

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