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Les CPAS bruxellois face à une pénurie alarmante d'assistants sociaux

23/06/22
Les CPAS bruxellois face à une pénurie alarmante d'assistants sociaux

Les CPAS bruxellois tirent la sonnette d’alarme ! Ils sont touchés par une pénurie d’assistants sociaux et ne parviennent pas à en engager, malgré l’intérêt du métier et les avantages de travailler en CPAS. "Il existe aujourd’hui un vrai danger de ne plus pouvoir répondre suffisamment aux besoins fondamentaux des Bruxellois les plus précarisés", s’inquiètent les CPAS.

Actuellement, les CPAS bruxellois recherchent activement des assistants sociaux motivés mais en vain. Non seulement il n’y a presque pas de candidats, mais ceux qui se présentent n’ont souvent pas les connaissances de base nécessaires pour occuper un emploi dans les centres publics d’action sociale. Le nombre de postes vacants non pourvus est par conséquent en constante augmentation.

En effet, depuis plusieurs années, les CPAS sont confrontés à une série de crises sociales et doivent faire face à de nouvelles missions. Certes, les différents niveaux de pouvoir sont venus en aide financièrement auprès des CPAS mais pas de manière structurelle. Cette situation ne résout pas le manque de travailleurs sociaux dans le secteur, ni ne donne les perspectives d’engagements dans des emplois stables.

De plus, les spécificités du travail social en CPAS ne sont pas forcément enseignées ou abordées durant le cursus scolaire des futurs assistants sociaux et le travail en CPAS est parfois dépeint assez négativement.

Les CPAS bruxellois, via leurs Présidentes et Présidents de CPAS, ainsi que leurs Secrétaires généraux, font aujourd’hui face à une pénurie généralisée d’assistants sociaux formés et désireux de travailler dans les CPAS.

 Lire aussi : Vous êtes travailleur social et vous souhaitez intégrer un CPAS ? Voici tout ce que vous devez savoir !

Les CPAS victimes d’une mauvaise image

« Malheureusement, les assistants sociaux préfèrent postuler pour des structures autres que celles du CPAS », explique Khalid Zian, président de la Fédération des CPAS bruxellois . « Il est regrettable de constater que parfois le CPAS a une mauvaise image. Pourtant les CPAS aident au quotidien les personnes défavorisées de manière très concrète. Les CPAS bruxellois ont aidé des dizaines de milliers de personnes à ne pas sombrer dans la pauvreté lors de la récente crise sanitaire ou la crise énergétique qui frappe de nombreux ménages bruxellois, ou, plus récemment encore, lors de l’arrivée de réfugiés ukrainiens. Travailler dans un CPAS, c’est un travail qui possède un sens social de premier niveau ».

« Malgré des postes en CDI, ouverts tout au long de l’année, nous ne parvenons pas à recruter en suffisance pour combler ceux-ci », ajoutent les Secrétaires généraux. « A cela s’ajoute une difficulté typiquement bruxelloise : les agents sont tenus de réussir leur examen du Selor afin de maîtriser le français et le néerlandais. Dans la pratique, cette exigence est nécessairement assouplie, mais elle peut néanmoins constituer un frein pour certains candidats. Nous constatons également que presque aucun candidat néerlandophone ne se présente, par crainte d’une maîtrise insuffisante du français. Toutefois, cela n’est généralement pas justifié car, dans la plupart des cas, il existe une base suffisante pour commencer à travailler, puis renforcer progressivement les compétences linguistiques. ».

 Lire aussi : Le témoignage de Marie-Pierre, 45 ans, assistante sociale au CPAS de Charleroi

Les avantages de travailler dans un CPAS

Afin d’attirer les candidats et candidates, les CPAS bruxellois pointent de nombreux avantages à travailler dans un CPAS :

  • Les CPAS brassent une matière sociale large et variée, les assistants sociaux qui le souhaitent peuvent se spécialiser et évoluer à des postes à responsabilités. Des budgets de formation sont prévus pour les accompagner dans cette évolution professionnelle.
  • Les CPAS offrent généralement une sécurité de l’emploi : la grande majorité des offres sont des CDI.
  • Les CPAS proposent des horaires et des congés qui permettent d’équilibrer vie privée et professionnelle.
  • Les CPAS appliquent des barèmes salariaux compétitifs et une revalorisation salariale du personnel social est planifiée au cours des années à venir.
  • Les CPAS offrent différents avantages, tels que des chèques-repas et autres primes.
  • Les CPAS répondent à des besoins vitaux de la population et disposent des moyens financiers pour le faire.
  • Le travail en équipe et la collaboration enrichissent la réflexion sociale qui reste possible au sein des CPAS.

 Lire aussi : Assistant social : ce métier est-il fait pour moi ?

De plus, les CPAS bruxellois sollicitent les pouvoirs publics afin de veiller à mettre en place à très court terme en place de premières pistes d’actions afin de revaloriser le métier d’assistant social :

  • Améliorer la formation par une intégration plus large de la matière CPAS au cursus général des assistants sociaux et de concevoir des formations qualifiantes complémentaires ;
  • Améliorer la rémunération en fonction de cette formation complémentaire (incitant comme la prime de bilinguisme) ;
  • Rendre les dépenses liées au recrutement éligibles dans le cadre de subventions ;
  • Réduire la charge de travail administratif par le biais de la simplification administrative et de la digitalisation.
  • Travailler, en collaboration étroite avec les CPAS bruxellois, sur l’image du métier d’assistant social en CPAS afin de mieux valoriser le métier et lui redonner le sens social premier qui n’aurait jamais dû le quitter.

"Les CPAS bruxellois demandent aux autorités de se pencher d’urgence sur cette problématique, afin d’éviter d’en arriver au point de ne plus pouvoir répondre aux besoins fondamentaux des citoyens les plus précarisés. Il y a aujourd’hui péril en la demeure", concluent-ils.

Et pour aller plus loin :

[Regardez]

[Ecoutez]

 La totalité du podcast de Fiona, assistante social dans le secteur du sans-abrisme en cliquant sur ce lien

[Découvrez les fiches métiers dédiées à la profession d’assistant social] :
 Quel est le salaire d’un assistant social en Belgique ?
 Quel est le travail de l’assistant social de CPAS en ILA ?

[Découvrez des témoignages] :
 "Le travail en planning familial ? Il n’y a pas de routine !"
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 Fiona, assistante sociale : une reconversion professionnelle au service des SDF
 "Le métier d’assistant social n’est pas un sacerdoce"
 "Je ne pensais pas qu’on pouvait avoir autant d’impact dans la vie des gens"
 "Assistant social de formation, je suis devenu directeur d’une maison d’accueil"
 "Mon job ? Offrir un soutien émotionnel aux mineurs étrangers non-accompagnés”



Commentaires - 1 message
  • Logique... Les CPAS sont victime d'un mode de financement qui est une impasse : l'augmentation du nombre de demandeurs d'aide, par les exclusions sociales et les transferts de charge venant du Fédéral (restrictions des allocations sociales), augmente au-delà de leur pouvoir fiscal la charge des communes...
    Les communes urbaines sont plus pénalisées que les communes rurales par ces mécanismes.
    Les communes / CPAS n'ont pas d'autre solution que d'augmenter la charge de travail, faute de budget pour engager un nombre suffisant de personnel !
    On est devant un cercle vicieux : les conditions de travail se dégradent d'années en années, les candidats se font rares, ce qui pèse à son tour sur les conditions de travail...
    Avec les réfugiés Ukrainiens, on a (enfin) obtenu une subsidiation à 135% les 4 premiers mois, et 125% des aides payées ensuite.
    Toutes les aides obligatoires à charge des CPAS devraient être subventionnées à 125% de manière à leur permettre de couvrir les frais de gestion (personnel, bâtiment)... et à ne plus dépendre d'un financement local qui, en plus, est inéquitable : les communes "riches" ont moins de charges sociales et plus de recettes, et c'est l'inverse pour les communes pauvres...

    Frankp jeudi 23 juin 2022 12:37

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