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Chronique d’un psy : "De la publicité pour la psychologie de 1ère ligne"

08/06/21
Chronique d'un psy:

Avec quelques semaines de recul, T. Persons revient sur l’enquête de Test-Achats à propos des psychologues conventionnés et décide d’en faire ouvertement la publicité.

 Lire aussi : Test Achats a testé l’accessibilité des psychologues conventionnés

C’est toujours pareil ! Il suffit de prendre quelques semaines de repos pour que l’actualité vous rattrape et vous donne envie de vous étouffer dans le protocole d’un comportementaliste rigide. Du repos ? Ils ont besoin de vacances les psy ? Si on parcourt l’enquête de Test-Achats, tout va bien pour nos psy conventionnés ! Ils ont de la place, ils sont heureux et ne demandent qu’à ce qu’on les connaisse. C’est marrant, ça dénote avec le sentiment général que la plupart des psy sont surchargés et n’en peuvent plus.

Soit, vous commencez à me connaitre, je me suis penché sur la question… Comment expliquer une telle différence entre conventionnés et non conventionnés ? Un manque de publicité ? Selon Test-Achats, il faudrait mener une campagne d’information pour familiariser le quidam avec le système des psy de première ligne. Mettons-les en lumière, ils seront aussi débordés ! À ce propos, n’y a-t-il pas meilleure publicité que celle qui émane directement des premiers concernés : les psychologues cliniciens ? Sur le budget de 36 millions alloué à ce projet, on en a utilisé à ce jour 3,7 millions… Partons du principe que lorsqu’un système fonctionne, on a tendance à l’utiliser. Or, la plupart des psychologues cliniciens sont au clair avec la première ligne, mais refusent de se conventionner…

"Les autres ont tendance à se noyer dans leurs agenda remplis en offrant un remboursement partiel via les mutuelles"

Vous me demanderez : c’est quoi le problème avec ces psy qui s’opposent à un système où le patient peut avoir financièrement accès à un professionnel de la santé mentale ? Il est où le problème ? Il est bien évidemment multiple. Tout d’abord, il y a la question de la rémunération. En qualité d’indépendant complet, on ne peut pas décemment s’y retrouver. Éventuellement, si l’on a une activité complémentaire, cela donne l’illusion que cela fonctionne, alors qu’en soit, ça précarise. Puis, il y a cette fichue tendance à croire qu’un psychologue ne travaille que face au patient. Avant et après la consultation, le psy n’est certainement pas rétribué : les recherches, les notes, le travail d’équipe, la multidisciplinarité, cela ne compte pas. Ensuite, il y a la lourdeur administrative, parce qu’en plus de réaliser toutes ces tâches de manière bénévole, la facturation est aussi lourde qu’une vanne des Frères Taloche. Enfin, il a la prescription médicale qui, somme toute, est la cerise sur l’indigeste gâteau que représente le projet-pilote des psychologues de première ligne.

Bref, on nous demande de vendre le projet comme s’il s’agissait d’une petite pépite de série anglaise nichée dans un recoin sombre du catalogue Netflix qui manque de visibilité pour gagner en audience alors qu’en soit, cela ressemble vaguement à un feuilleton allemand de trente ans, mal doublé en français. Qui vous a un jour conseillé de regarder Derrick ? Personne ! Offrez-nous Benedict Cumberbatch et le projet se vendra tout seul…

En conclusion, certes, il existe des psychologues conventionnés. Certains ont de la place endéans les quatre semaines. Les autres ont tendance à se noyer dans leurs agenda remplis en offrant un remboursement partiel via les mutuelles. Finalement, le dindon de la farce, c’est le patient. On pourrait croire qu’une association de consommateurs pourrait plus s’en émouvoir, mais malheureusement, cela ne semble pas vraiment être le cas. En attendant, votre serviteur s’acquitte de sa tâche et puisqu’il faut bien en faire la publicité, amis psychologues, j’espère vous avoir convaincu…

T. Persons

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