Comment se préserver du burn-out

S’il y a bien une chose que mon burn-out m’a apprise, c’est à me préserver. Ça peut avoir l’air évident de le formuler de la sorte, d’autant plus que cette approche du travail est de plus en plus dans l’air du temps, mais il est toujours intéressant de se méfier des évidences … Surtout lorsque sa propre santé, physique et mentale, est en jeu.
Le burn-out professionnel, de plus en plus reconnu
Le burn-out professionnel est défini comme un état de fatigue intense et de grande détresse causé, entre autre, par le stress au travail. Actuellement, le phénomène est de plus en plus évoqué, débattu, discuté, reconnu. Il perd son caractère tabou, et ce n’est pas plus mal, car de nombreux travailleurs en souffrent.
Le secteur social n’est pas épargné, contrairement à ce que l’on pourrait penser. Si l’environnement de travail est important et peut faire la différence dans le fait de sombrer - ou non - dans un état de burn-out, le travailleur a, quant à lui, un rôle primordial.
Nous ne pouvons que très peu agir sur notre environnement
On peut rarement agir sur son environnement professionnel. Nos institutions, directions, coordinations, sont des machines particulièrement lentes à se mettre en mouvement et généralement peu réceptives aux remises en question. Bien souvent, lorsque des éléments gênent, ils sont écartés ou ignorés. Rares - et ô combien précieuses ! - sont les structures et les équipes qui peuvent se targuer d’accorder une réelle place à l’épanouissement individuel et collectif de ses membres.
Nous pouvons agir sur nous-mêmes
Par contre, la donnée sur laquelle nous pouvons agir de manière certaine, c’est nous-mêmes. De nombreuses études démontrent qu’un certain profil de personnes est plus susceptible de sombrer dans le burn-out professionnel. Il s’agit de personnes hyper investies dans leur travail, avec une certaine tendance à « en faire plus / trop », qui pourraient prendre à bras le corps tout un tas de problèmes ne relevant pas nécessairement de leurs attributions. Ce sont également souvent des personnes ayant des difficultés à quitter le travail lorsqu’elles rentrent chez elles. En résumé, ce sont des personnes qui veulent trop bien faire…
Le burn-out, de lourdes conséquences
J’ai coché toutes ces cases. Il y a maintenant 10 ans, j’ai fait un gros burn-out, qui m’a valu une année d’incapacité de travail. Un an à remonter péniblement la pente, à réapprendre les bases, à reprendre confiance, à être aidée. Et après ça, une année supplémentaire pour me reconstruire professionnellement et personnellement. Une année durant laquelle j’ai questionné mon rapport au travail et compris que j’avais effectivement coché toutes ces cases, que telle était ma part de responsabilité et pourquoi j’avais cette tendance. Ce que mon burn-out m’a appris, c’est à décocher ces cases. Et surtout, pourquoi il était salutaire de le faire.
Se connaître, s’accepter et se respecter
Nous avons tous nos limites. Je ne parle pas des limites que nous pouvons « dépasser » sainement, lorsque nous sommes dans une optique de perfectionnement, mais bien des limites que nous ne pouvons dépasser sans mettre en péril notre équilibre. Connaître, et surtout accepter, ses limites est primordial. Savoir (se) dire non, (se) mettre un cadre et le respecter. Pas nécessairement par principe, mais pour se préserver, parce qu’une carrière professionnelle s’apparente plus à un marathon qu’à un sprint. Apprendre à se connaître, s’accepter, savoir se respecter, profondément.
Résister à la tentation de la suradaptation
Questionner son lieu de travail, les demandes qui nous sont faites, la charge de travail qui nous revient, les injonctions reçues et celles qui sont implicites, les horaires … analyser tout cela à l’aune de qui on est, de nos limites, prendre du recul et de la hauteur. Questionner son corps également : les tensions dans le haut du dos, les boules au ventre, les migraines. Le corps ne ment jamais. Être à l’écoute de sa petite voix intérieure, celle qui murmure « Hmm, y’a un truc qui ne tourne pas rond » et ne pas la faire taire avec cette autre voix qui voudrait dire « Mais si, tout va bien, tu vas t’y faire ». Résister à la tentation de la suradaptation. Parce qu’une seule chose est certaine : nul n’est indispensable au travail, même un travailleur social. Et notre objectif devrait simplement être de faire de notre mieux, selon nos possibilités. C’est tout.
MF - travailleuse sociale
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