Travailleur social : comment démotiver un collègue compétent et investi
On parle souvent de la motivation au travail : comment la susciter, la développer, l’entretenir, etc. Bizarrement, on ne parle pas de son pendant : la démotivation. Comment faire pour démotiver un collègue ou un collaborateur compétent, motivé et investi ? Petit guide très ironique à l’usage des responsables d’équipe qui auraient besoin d’un coup de pouce.
Surchargez-le de travail
Vraiment. Allez-y sans limites, il faut qu’il ait l’impression de ne jamais en venir à bout, quelles que soient les stratégies mises en place pour y arriver. Que le stress monte dès le début de la journée, voire même sur le chemin du boulot, ou, encore mieux, que ce stress ne s’arrête jamais, en ce compris la nuit. Et surtout, faites comme si sa charge de travail était normale et que c’était une question d’organisation de sa part. Sinon, vous pouvez toujours lui donner des tâches trop difficiles à réaliser pour lui et le blâmer de ne pas y arriver.
Ou au contraire, ne lui en donnez pas assez
Qu’il s’ennuie, tourne en rond … Ou alors, donnez-lui des tâches trop faciles s’il a besoin de relever des défis. Ou encore des tâches répétitives, voire abrutissantes, bien en deçà de son niveau de compétences. Laissez-le végéter tout en lui répétant à quel point il est indispensable et à quel point son travail est précieux, surtout s’il est clair que les tâches accomplies sont parfaitement inutiles. Qu’il se pose plein de questions. S’il tourne en bourrique, c’est encore mieux.
Reposez-vous sur lui
Déchargez-vous du poids de vos responsabilités sur ses épaules. Tant qu’à faire, laissez-le définir ses fonctions et prendre les décisions le concernant qui sont normalement de votre ressort. Au début, il pourra se sentir valorisé, mais in fine, ne vous inquiétez pas, il se sentira seul et perdu, voire même stressé et sur-employé.
Ne valorisez jamais ses réalisations
Bannissez le mot « reconnaissance » de votre vocabulaire. Pointez tout ce qui ne va pas, mais n’accordez aucune importance à ce qui va bien, ce qui est bien fait, ses capacités, ses compétences. Faites en sorte qu’il ne se sente jamais reconnu, qu’il ait l’impression de ne pas être à sa place. Si vous le pouvez, mettez en doute ses paroles et montrez que vous ne lui faites pas confiance.
Ne soyez jamais content
Cela rejoint le point précédent. Critiquez-le, beaucoup, souvent. Même pour des choses que vous auriez précédemment complimentées. Qu’il ne sache plus que croire et que penser, que faire et quoi ne pas faire. Critiquez surtout ses initiatives personnelles, alors qu’auparavant, vous les avez encouragées.
Soyez flou, évitez toute clarté
Que ce soit au niveau des descriptions de fonctions, mais aussi de la communication quotidienne. Bannissez toute notion de clarté, restez vague et flou. Et si possible, changez les règles du jeu en cours de partie, qu’il ne sache jamais sur quel pied danser. Passez du noir au blanc, dites une chose et son contraire. Soyez le plus flou possible dans vos explications, pour ensuite pouvoir le blâmer de ne pas les avoir comprises. Le summum serait de diviser pour mieux régner : instillez un esprit de compétition, ne favorisez pas la communication au sein de votre équipe, dites une chose à l’un et le contraire à l’autre … Tout est permis.
N’oubliez pas : ceci est un guide ironique
Vous l’aurez compris, ce texte se veut ironique … Mais si cela vous parle, en tant que travailleur ou responsable, … Et que dans tous les cas, cela peut ouvrir des portes et dégager des pistes de réflexion et d’action … Alors tant mieux.
MF - travailleuse sociale
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