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Travailleur social : comment démotiver un collègue compétent et investi

11/10/21
Travailleur social : comment démotiver un collègue compétent et investi

On parle souvent de la motivation au travail : comment la susciter, la développer, l’entretenir, etc. Bizarrement, on ne parle pas de son pendant : la démotivation. Comment faire pour démotiver un collègue ou un collaborateur compétent, motivé et investi ? Petit guide très ironique à l’usage des responsables d’équipe qui auraient besoin d’un coup de pouce.

Surchargez-le de travail

Vraiment. Allez-y sans limites, il faut qu’il ait l’impression de ne jamais en venir à bout, quelles que soient les stratégies mises en place pour y arriver. Que le stress monte dès le début de la journée, voire même sur le chemin du boulot, ou, encore mieux, que ce stress ne s’arrête jamais, en ce compris la nuit. Et surtout, faites comme si sa charge de travail était normale et que c’était une question d’organisation de sa part. Sinon, vous pouvez toujours lui donner des tâches trop difficiles à réaliser pour lui et le blâmer de ne pas y arriver.

Ou au contraire, ne lui en donnez pas assez

Qu’il s’ennuie, tourne en rond … Ou alors, donnez-lui des tâches trop faciles s’il a besoin de relever des défis. Ou encore des tâches répétitives, voire abrutissantes, bien en deçà de son niveau de compétences. Laissez-le végéter tout en lui répétant à quel point il est indispensable et à quel point son travail est précieux, surtout s’il est clair que les tâches accomplies sont parfaitement inutiles. Qu’il se pose plein de questions. S’il tourne en bourrique, c’est encore mieux.

Reposez-vous sur lui

Déchargez-vous du poids de vos responsabilités sur ses épaules. Tant qu’à faire, laissez-le définir ses fonctions et prendre les décisions le concernant qui sont normalement de votre ressort. Au début, il pourra se sentir valorisé, mais in fine, ne vous inquiétez pas, il se sentira seul et perdu, voire même stressé et sur-employé.

Ne valorisez jamais ses réalisations

Bannissez le mot « reconnaissance » de votre vocabulaire. Pointez tout ce qui ne va pas, mais n’accordez aucune importance à ce qui va bien, ce qui est bien fait, ses capacités, ses compétences. Faites en sorte qu’il ne se sente jamais reconnu, qu’il ait l’impression de ne pas être à sa place. Si vous le pouvez, mettez en doute ses paroles et montrez que vous ne lui faites pas confiance.

Ne soyez jamais content

Cela rejoint le point précédent. Critiquez-le, beaucoup, souvent. Même pour des choses que vous auriez précédemment complimentées. Qu’il ne sache plus que croire et que penser, que faire et quoi ne pas faire. Critiquez surtout ses initiatives personnelles, alors qu’auparavant, vous les avez encouragées.

Soyez flou, évitez toute clarté

Que ce soit au niveau des descriptions de fonctions, mais aussi de la communication quotidienne. Bannissez toute notion de clarté, restez vague et flou. Et si possible, changez les règles du jeu en cours de partie, qu’il ne sache jamais sur quel pied danser. Passez du noir au blanc, dites une chose et son contraire. Soyez le plus flou possible dans vos explications, pour ensuite pouvoir le blâmer de ne pas les avoir comprises. Le summum serait de diviser pour mieux régner : instillez un esprit de compétition, ne favorisez pas la communication au sein de votre équipe, dites une chose à l’un et le contraire à l’autre … Tout est permis.

N’oubliez pas : ceci est un guide ironique

Vous l’aurez compris, ce texte se veut ironique … Mais si cela vous parle, en tant que travailleur ou responsable, … Et que dans tous les cas, cela peut ouvrir des portes et dégager des pistes de réflexion et d’action … Alors tant mieux.

MF - travailleuse sociale

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Commentaires - 4 messages
  • Mais n' oublions pas que le moral des assistants sociaux est inaltérable vu que nous ne pratiquons pas une simple "profession' mais bien une "vocation" et cela change tout. En effet lors d'une séance académique de rentrée d' une école de service social, le Président du Conseil d' Administration faisait l' éloge de notre profession en relevant que nous avons " un supplément d' âme ",. Je lui ai alors demandé si par "supplément d' âme" il entendait la part de notre travail pour laquelle nous ne sommes pas rémunérés ? C'est il y a 1/4 de siècle, les choses ont-elles changé ? Michel LOIR, octogénaire qui poursuit la promotion du regroupement associatif des AS qui célèbrent malheureusement en silence le centième anniversaire de leur profession. PS : j' ai déjà lancé des appels afin que les étudiants et AS actifs profitent de ce centenaire pour faire parler d' eux dans les médias et attirer l' attention sur nos véritables compétences et les freins institutionnels. Courage, arrière grand-père vous embrasse.

    Papamichel lundi 11 octobre 2021 19:34
  • Être médecin est aussi une vocation, être politicien devrait l'être puisque ces personnes dont supposé travailler pour le peuple et le représenter mais eux ont droit à une reconnaissance, un salaire décent, etc.
    Ma « vocation » est morte, mon âme aussi. L'un de mes anciens professeurs avait dit cette phrase qui avait choqué tous les étudiant : « vous ne sauverez personne, ce sera déjà bien si vous parvenez à vous sauvez vous même ». Je l'avais trouvé inhumain, cynique... mais il avait raison.

    RoxanneBXL jeudi 14 octobre 2021 10:38
  • Ce petit guide vaut pour beaucoup de travailleurs, dans le secteur marchand également. Mais ce qui fait le "plus" du non-marchand, la raison de la "vocation", ce sont les Valeurs (avec un grand V) supposées portées par ce secteur.
    Une bonne manière de démotiver un travailleur social ? Vider sa fonction du sens et des valeurs, déshumaniser les prises en charges, faire prévaloir l'argent et les subsides sur le demandeur "bénéficiaire"...
    Françoise

    Franberg jeudi 21 octobre 2021 15:07
  • Je suis diplômée assistante en psychologie clinique. Pour des raisons privées je n ai pas pu exercer Aujourd' hui après m être consacrée aux soins de ma mere physiquement dependante je me retrouve dans une situation oú je me dois d arriver a un emploi et qui rend ma formation le seul choix finalement possible pour cela. En même temps on emploi la m?me situation pour tout le contraire; tout semble être fait pour m'en empêcher avec lâcheté et mauvaise foi; j ai pensé travaillé a domicile mais les possibilités sont très minces dans mon cas. Je suis constamment sous pression dans des sens opposés par rapport a maz recherche de emploi et constamment humilíée publiquement et personnellement. Je suis passée par tant de abus que je ne arrive pas á les compter. La plupart peuvent joué contre moi parce que je ne suis pas dans une position pour le faire valoir. Comprenez vous le dilemme? Ma formation en plus d'être celle qui me convient me tient également très á coeur et je la défendrai toujours autant que je peux quand l apparence du contraire ne m est pas forcé de donner. C est comme si je ne
    pouvais pas exercer. On essaie de me donner constamment consciemment le sentiment que c est normal que c'est moi qui ne supporte rien. Je ne sais pas où je vais en arriver mais j ai une fille majeure, encore en secondaire qui elle aussi souhaiterais faire des études supérieures. Il est clair qu on cherche effectivement a nous démotiver toutes les deux. J ai déjà connu ça une fois en tant que stagiaire mais la c est vraiment le comble du comble.
    Quelle peuvent être les raisons d un tel comportement selon vous? Simple jalousie? Peur et méconnaissance des positions d acteurs du domaine psy.? ("Un de moins a respecter?" ). Difficulté a reconnaítre les compétences de ass. Psy.? L argent (soutien financié nécessaire dans mon cas et durée de la recherche de emploi dans ce type de domiane?

    Veys Véronique jeudi 28 octobre 2021 10:10

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