Travail social : comment "gérer" son chef ?
On en a tous un ou une. Parmi eux, certains sont des perles rares : de ceux qui mettent en valeur le travail accompli, qui savent dire les choses de manière constructive, sont à l’écoute, prennent leurs responsabilités, définissent le cadre, s’investissent avec leur équipe, etc. Et puis il y a les autres…
Si vous n’avez pas la chance d’avoir pour chef une des perles précitées, cela veut dire qu’en tant que travailleur social, vous devez apprendre à « gérer » votre chef. C’est même une question de survie … Voici quelques conseils pour que tout se passe au mieux, ou en tout cas, au moins pire.
Il a toujours raison
Règle de base pour beaucoup d’entre eux. Surtout si votre chef a tendance à avoir un ego fragile, a besoin d’être rassuré (et, pour cette raison, a convoité en son temps une position de pouvoir). Rares sont les chefs à admettre s’être trompés ou à prendre en considération des opinions n’allant pas dans le sens de ce qu’ils ont décidé, même lorsqu’ils demandent un avis extérieur.
Sachez donc exprimer ce que vous pensez, tout en lui faisant croire que cela va dans le même sens que son idée. Pervers ? Pas forcément. Pour beaucoup de choses, de grandes frustrations naissent de détails minimes, et dans les grandes lignes, beaucoup d’idées se rejoignent. Insistez sur ce qui se rapproche et non sur ce qui s’éloigne entre vos points de vue.
Choisissez bien vos batailles
En cas de divergence flagrante, posez-vous la question de savoir si cela heurte vos valeurs profondes, ce qui vous a fait vous engager dans ce travail, votre conception de votre profession, sa déontologie, ou encore si cela va à l’encontre de vos droits en tant que travailleur. Si oui, ne laissez rien passer, avec respect et dialogue, mais fermeté, en ce compris si vous êtes le petit nouveau. Si non, n’oubliez pas de choisir vos batailles. Posez-vous la question de savoir si avoir raison en vaut vraiment la peine.
Laissez-le croire que l’idée vient de lui
Beaucoup de chefs éprouvent des difficultés à reconnaître qu’ils ne sont pas omnipotents et que d’autres peuvent aussi avoir de très bonnes idées, qui ne les avaient même pas effleurés. Pour beaucoup aussi, les changements sont difficiles à envisager, surtout si cela concerne des choses qui ont « toujours » été faites ainsi. Insufflez l’idée, laissez-là mûrir, revenez de temps à autre avec et … faites-lui croire qu’elle vient de lui. Si, en réunion, il propose comme étant le sien un projet dont vous avez eu l’idée … laissez-le faire (mais seulement une fois !). Vous savez que vous en êtes l’auteur, que vous avez eu cette créativité, avec un peu de chance, vous en avez même la trace écrite. La prochaine fois, vous proposerez directement vos projets et idées en réunion d’équipe.
Evitez tout rapprochement
Restez dans les limites de la sphère professionnelle. Confiez peu de ce qui vous appartient, de ce qui fait partie de votre sphère personnelle. Vous ne savez jamais ce qui en sera fait ultérieurement. Parfois, des confidences faites en toute confiance sont utilisées lors d’évaluations ou à d’autres moments clés, ou encore sont rapportées à d’autres. Ne suscitez pas non plus les confidences : certaines personnes supportent mal ces moments où elles se sont confiées, surtout sur des sujets personnels, et peuvent par la suite faire preuve d’agressivité pour mettre l’autre à distance.
Observez avant d’agir
Et tournez au moins sept fois la langue dans votre bouche avant de parler … Observez le type de personne à qui vous avez affaire, ses besoins, ses faiblesses, son fonctionnement, sa manière de communiquer. Par exemple, inutile d’énerver quelqu’un pour qui la ponctualité est importante en arrivant systématiquement en retard. De même, si c’est une personne plutôt directe, ne tournez pas autour du pot (et ne vous offusquez pas de son franc-parler). Je vous rassure : il m’est aussi très difficile d’appliquer mes propres conseils !
MF - travailleuse sociale
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