Secteur non-marchand : balayer devant sa porte...
Avez-vous déjà remarqué que dans le secteur non-marchand, y compris parfois lorsqu’il est militant, les revendications quant aux conditions de vie des bénéficiaires ne s’appliquant pas forcément aux conditions de travail des travailleurs ?
C’est quand même particulièrement ironique, lorsqu’on y pense. Le non-marchand, qui prend à cœur la défense des droits humains, aussi bien au sens large que selon les angles spécifiques abordés par les institutions, selon les secteurs dans lesquelles elles travaillent, et qui ne prend pas forcément la peine de balayer devant sa porte.
Avoir force d’exemple
Interpeller le monde politique, les dirigeants économiques est d’une importance fondamentale et je ne remets nullement ça en cause, bien entendu. Notre société est profondément inégalitaire et a bien besoin de toutes les forces désirant rétablir l’équilibre, afin qu’à tout le moins, elle ne le devienne pas encore plus. Ceci dit, entreprendre ce genre de démarche, salutaire et socialement nécessaire, implique une grande responsabilité : celle d’avoir force d’exemple.
Quelle crédibilité ?
En effet, à quelle crédibilité peut-on prétendre lorsqu’on n’applique pas soi-même les principes que l’on prône par ailleurs ? Lutter pour de meilleures conditions de vie pour les personnes bénéficiant d’allocations sociales et offrir des conditions de travail parfois pitoyables ou encore risibles à ses propres travailleurs, quel message cela envoie-t-il ?
Petits détails et grands manquements
Je ne parle pas ici des rémunérations, tributaires de commissions paritaires et de subventions et qui donc, en grande partie, ne sont pas sous la responsabilité de l’employeur, mais bien de « petites » choses : du matériel de travail correct, voire du matériel de travail tout court, des locaux adaptés, etc. Sans oublier, dans certains cas, le « simple » respect de la législation du travail. Concrètement, éviter de demander, de manière implicite ou explicite, à ses travailleurs de faire des journées de 12 heures et plus, de travailler le dimanche sans aucune compensation, etc.
Monnaie courante dans un secteur qui devrait balayer devant sa porte
Ne nous leurrons pas, c’est monnaie courante dans le secteur. Et c’est peut-être aussi un effet pervers d’un système qui veut que chaque subvention accordée soit justifiée par encore plus de projets, nécessitant encore plus d’heures de travail, et entraînant de la sorte un cercle vicieux. Mais c’est peut-être simplement un effet pervers d’un secteur n’investissant pas suffisamment son argent dans ce qui fait son pilier : le personnel. Comptant ainsi sur une main d’œuvre « volontaire », « militante », « engagée », « investie ». Et oubliant au passage qu’avant de prétendre s’occuper des manquements des autres, il faut balayer devant sa propre porte.
MF – travailleuse sociale
Découvrez les autres textes de l’autrice
– Travail social : vous avez dit piston ?
– Travailler dans le social : ces clichés qui nous collent encore et toujours à la peau
– Travail social : accueillir un nouveau travailleur, mode d’emploi
– Travail social : le pire moment pour lancer un nouveau projet
– Travailleurs sociaux : les vacances d’été, un moment si particulier
– Travail social : quand la communication fait défaut
– Ce que j’aurais aimé qu’on me dise lorsque j’ai commencé à travailler dans le social
– Travailleurs sociaux indépendants : vers un système social à deux vitesses ?
– Peut-on soigner en ne prenant pas soin de soi ?
– Rémunération : travailleur social, combien tu vaux ?
– Quand l’entretien d’embauche en dit long sur l’employeur
– Travail social : comment "gérer" son chef ?
– Viva for Life, entre cirque médiatique et charité mal placée
– Quand nos aînés sont laissés au bord de la route...
– Gestion d’un projet en travail social : les erreurs à bannir !
– Travailleurs sociaux : réunion d’équipe, les erreurs à ne pas commettre
– Travailleur social : comment démotiver un collègue compétent et investi
– Travailleur social : comment démotiver un collaborateur compétent et investi - 2e partie
– Coronavirus : à la recherche de notre humanité perdue
– Précarité du travailleur social : et si on en parlait
– Travailleurs sociaux : non prioritaires ?
– Educateur spécialisé : toujours mal considéré...
– Travail social : déceler un manipulateur et s’en protéger
– Travailleur social : (se) motiver au changement
– De l’injonction à la résilience chez le travailleur social
– Éducateur spécialisé, le parent pauvre
– Travailler en réseau : bénéfices et difficultés
– Les travailleurs sociaux sont-ils tous sur un pied d’égalité ?
– Travailleur social : gérer la lassitude professionnelle
Ajouter un commentaire à l'article