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Travailleurs sociaux : non prioritaires ?

04/03/21
Travailleurs sociaux: non prioritaires ?

Dans la grande stratégie de vaccination contre le covid, il y a un « détail » troublant : qu’en est-il des travailleurs sociaux ? Hormis ceux qui exercent en hôpital, en maison de repos, ou en structure collective de soins, que fait-on des autres ? La réponse est simple : rien. Il semblerait bien qu’encore une fois, nous soyons oubliés. Enfin pas tout à fait. Nous faisons peut-être partie de la « liste encore à déterminer » des fonctions essentielles socialement ou économiquement. Peut-être.

Au-delà des opinions personnelles sur l’opportunité ou non de se faire vacciner, sur l’efficacité de ce vaccin, sur la pertinence de l’administrer maintenant et dans ces conditions, le simple fait que la majorité des travailleurs sociaux aient été oubliés de la stratégie vaccinale est plus qu’interpellant. Que doit-on en penser, alors que nous sommes une profession de contact, en contact avec un nombre important de personnes, que nous ne pouvons pas restreindre ou conditionner ces contacts éternellement …

Ne sommes-nous pas du personnel d’aide et de soins de première ligne ?

Le personnel des hôpitaux et des maisons de repos sera vacciné en priorité. Ensuite, viendront les personnes travaillant en structures collectives de soins (handicap, santé mentale, etc.). Et puis le personnel d’aide et de soins de première ligne. Il y est fait mention de professions médicales et paramédicales : médecins, infirmiers, dentistes, kinés, etc. Et nullement des travailleurs sociaux. Nous ne sommes donc pas du personnel d’aide et de soins de première ligne ? Hormis les psychologues cliniciens et les secteurs oeuvrant autour du handicap, aucune profession du social ne figure dans cette fameuse liste. Nous n’existons tout simplement pas.

Nous n’existons pas

Un assistant social en première ligne au CPAS, un travailleur de relai social, un éducateur en abri de jour, un éducateur de rue, un travailleur en centre de jour, et j’en passe … ne sont pas considérés comme personnel d’aide et de soins de première ligne. C’est aussi simple que ça. Nous n’avons tout simplement pas l’heur d’exister aux yeux de ceux qui ont décidé de la stratégie vaccinale de notre pays.

Nous sommes des soignants

Au risque de me répéter, il ne s’agit pas ici du débat sur l’opportunité ou non de recourir à ce vaccin, sur la pertinence et l’efficacité de ce dernier, sur les risques éventuels de cette vaccination, ou même sur l’élaboration de ce vaccin. Il s’agit ni plus ni moins de la considération apportée à des professionnels de l’aide et du soin de première ligne et qui sont tout simplement oubliés lorsqu’il s’agit de lister les professions concernées. Nous, travailleurs du social, nous sommes des soignants. Nous travaillons en première ligne. Et on ne nous donne même pas le choix d’être ou non vaccinés dans l’exercice de notre profession.

Une profession de contacts

Nous sommes nombreux à aller au contact direct de la population, c’est le coeur même de notre métier. Que ce soit dans la rue, en abri de jour, dans une école, en milieu familial, en centre de jour, en accueil de la petite enfance, en suivi de la jeunesse, etc. Nous faisons un travail de première ligne. Et ce travail consiste à prendre soin de la population. Peut-être pas en prodiguant des soins (para)médicaux, mais en prodiguant des soins tout de même. Ces mêmes soins psychologiques, sociaux, éducatifs, qui nécessitent une certaine proximité avec le bénéficiaire, ou encore un travail en groupe. Nous ne pouvons pas exercer notre travail à 1,5 mètre de distance. Et nous méritons d’être considérés pour ce que nous sommes, à savoir des soignants.

Dernière humiliation en date

C’est vraiment là qu’est l’humiliation pour nos professions : le travail que nous faisons n’est tout simplement pas considéré comme faisant partie de l’arsenal du soin à la personne. Il n’est ni suffisamment tangible, ni assez technique, ni assez évoqué sur la place publique pour être pris en compte. Mais au final, est-ce vraiment si étonnant que cela ? Après des années de sous-financement, de coupes budgétaires, de politiques sociales iniques … C’est le dernier coup en date.

MF - travailleuse sociale

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