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Le bulletin social : "À propos de la Boum…"

06/04/21
Le bulletin social:

À l’heure où l’on évacue des citoyens amassés dans le Bois de la Cambre à coups d’autopompe et de charge policière, le politique cherche activement les coupables de l’organisation de « la boum ». Interloqué par cette situation, T. Persons mène l’enquête.

« Tenter, braver, persister, persévérer, être fidèle à soi-même, prendre corps à corps le destin, tenir tête. Voilà l’exemple dont les peuples ont besoin et la lumière qui les électrise. »

V. Hugo (Les misérables)

Je me souviens, quand j’étais gosse, des longues minutes passées à l’arrière de la voiture parentale avec ma sœur. On chouinait, on se querellait jusqu’à ce que mon père, excédé par nos cris, nous rappelle à l’ordre, exigeant que l’on désigne le fautif. Du coup, ma sœur, dénuée de toute morale, me dénonçait. Je recevais une mandale et l’affaire était pliée. C’était rudimentaire : la loi et l’ordre. Tout était plus simple à l’époque où l’on pouvait fumer dans la bagnole sans mettre sa ceinture de sécurité. On n’allait pas chercher à comprendre, juste à punir, pour que cela ne se reproduise plus. Soyons honnête, c’était loin d’être efficace…

Bref, quand j’ai entendu Philippe Close qui, en s’adressant aux médias, tel un sheriff texan, a déclamé : « qu’ils sachent qu’ils sont recherchés », ça m’a rappelé le goût amer de l’injustice. De fait, on ne rigole plus à la Ville de Bruxelles. Trop is te veel. Il nous faut des coupables, des responsables à pendre haut et court. Responsable de quoi d’ailleurs ? D’avoir le bon goût de faire une blague un 1er avril ? De nous rappeler que Sophie Marceau va sur ses 55 ans ? De nous mettre en tête cet horrible slow des années quatre-vingt ? Peu importe les tenants et aboutissants, il nous faut des auteurs à condamner, histoire de vite passer à autre chose. Magnanime, je me propose donc de mener l’enquête…

Avant tout, je me suis demandé pourquoi les gens ont cette fâcheuse tendance à se rejoindre dans un espace vert quand il fait beau. Peut-être n’ont-ils pas la choix ? C’est pas comme si le bruxellois était cloitré dans son kot, son appartement, sa maison de rangée ou sa villa au Prince d’Orange depuis plus d’un an. Peut-être en a-t-il marre ? Oui, mais de quoi, de qui ? Je crois que je tiens une piste… Vous me direz certainement que quand même, c’est irresponsable de s’agglutiner comme ça dans un bois. C’est même irrespectueux des professions de soins de santé qui sont à bout de souffle. Ah. Eux aussi, ils en ont marre. Mais de quoi, de qui ? Je crois que je chauffe…

Nous recherchons donc des individus qui ont réussi à se mettre à dos la population, les professions de soins de santé et qui, en plus, sont parvenus à les opposer les uns aux autres alors qu’ils semblent être, eux-mêmes, victimes du même coupable. Il n’y a pas à dire, Monsieur le Bourgmestre, les responsables sont ingénieux. Les instigateurs de ce désordre, de ce chaos savamment orchestré pour défier l’Autorité sont machiavéliques. Je ne vois qu’une seule personne capable de faire cela : ma sœur.

La solution à cet épineux problème ? La météo !

Ou alors, on peut essayer de comprendre, Monsieur le Bourgmestre. On peut sortir de cette philosophie de cowboy et faire son travail d’élu du peuple. Certes vos collègues sont habiles. Pour l’un, c’est les racailles. Pour l’autre, c’est la police. On cristallise l’opinion publique, les médias. Soit, on cherche des coupables, mais on ne se pose aucune question quant au mobile ? Même dans le plus mauvais des polars, l’auteur ne fait pas l’économie d’un éventuel motif qui pousse le vil coquin à transgresser la loi. Or, il semble qu’un débat sur les raisons de ces comportements ne semblent pas à l’ordre du jour dans l’arène politique. Étrange, non ? Du coup, j’en suis arrivé à une autre conclusion. Et si, les coupables, c’était vous ?

Bref, la colère gronde, la population est à bout et le politique semble n’avoir qu’une seule idée en tête : apaiser coûte que coûte le feu qu’ils ont eux-mêmes allumé sans pour autant complètement se griller. La solution à cet épineux problème ? La météo ! De fait, notre gouvernement compte sur la possibilité qu’il fasse dégueulasse ses prochains jours dans nos villes pour empêcher les gens de sortir. On en est donc réduit à voir nos élus bruxellois faire une danse de la pluie au sommet de la Tour des Pensions en espérant la drache nationale ?

En conclusion, rien de tel qu’un peu d’eau pour remettre les idées en place. À ce titre, par le mauvais temps qui s’annonce, je conseille à nos Ministres de faire un petit tour, puis de prendre leurs responsabilités, parce qu’après la pluie vient le beau temps et que même si l’on est verni en Belgique, vous ne pourrez pas indéfiniment compter sur la météo nationale pour vous sauver les miches.

T. Persons

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