Un site de l'Agence pour le Non-Marchand
Informations, conseils et services pour le secteur associatif

Prime d’encouragement : et la revalorisation globale, dans tout ça ?

22/01/21
Prime d'encouragement : et la revalorisation globale, dans tout ça ?

Moins de 400€ net : c’est ce qu’il reste à certains membres du personnel hospitalier de la fameuse « prime d’encouragement » de 985€ brut annoncée par nos gouvernants à grands renforts d’effets de manche. C’est scandaleux. D’une part parce que ce montant si ridicule est un camouflet pour ceux qui ont fait tant d’efforts et d’autre part parce qu’une telle prime ne rencontre pas du tout les demandes du secteur. De qui se moque-t-on ?

Depuis des années, le personnel soignant réclame à cor et à cri une revalorisation de ses fonctions, plus de considération, de budgets, que l’humain soit remis au centre du processus. Et c’est exactement tout l’inverse qui se produit. La santé devient un produit marchand, la rentabilité un impératif et les prestataires des opérateurs. Dernier camouflet en date : la « prime d’encouragement ».

Uniquement pour le personnel hospitalier

Tout d’abord, cette prime fédérale était uniquement destinée au personnel hospitalier. Exit donc tous les travailleurs des autres structures de soin comme, par exemple, les maisons de repos, qui ont tant souffert et qui ont été littéralement abandonnées durant la première vague. Exit aussi tous ceux qui ont travaillé en silence, loin du battage médiatique, dans des structures de jour, des centres de santé mentale, etc. Après tout, c’est bien connu, ce dont on ne parle pas n’existe pas. Fort heureusement pour les wallons, le gouvernement régional a rectifié le tir et accordera le même montant à ces travailleurs des secteurs oubliés.

Beaucoup de bruit pour rien

Ceci dit, cette prime fédérale prend des airs de camouflet. Déjà, qu’elle soit annoncée à grands renforts d’effets de manche et dans un tel battage médiatique, en évoquant des montants bruts et non défiscalisés en dit long sur les intentions d’une telle décision. Mais ce n’est pas tout. En avril, une prime d’un montant de 1.450€ pour le personnel soignant avait elle aussi été annoncée, pour ensuite disparaître dans les limbes des (nombreuses) annonces qui ne sont jamais suivies d’effets. Pour finir, ce montant est le montant brut maximum, donc celui alloué au personnel travaillant à temps plein. Lorsqu’on sait que dans le secteur des soins de santé la majorité du personnel travaille à temps partiel, il y a de quoi rire jaune.

Une prime pour le travailleur … et la (au minimum) même chose pour le gouvernement

Avec la fiscalité autour de cette prime, un travailleur à temps plein percevra en net à peine 500€. Un travailleur à temps partiel, autour des 300€. La différence partira … en impôts. Le gouvernement « offre » donc une prime de 500€ à chaque travailleur hospitalier employé à temps plein, et il s’octroie la même chose, par le truchement de l’imposition ! Pourquoi ne pas avoir défiscalisé cette prime ? Et pourquoi ne pas avoir offert la même chose à tous, sachant qu’en plein cœur des première et seconde vagues, tout le personnel a été mis à contribution de la même manière, annulant ses congés et enchaînant les heures supplémentaires jusqu’à l’épuisement ?

Où en est la revalorisation globale tant attendue ?

D’ailleurs, qu’en est-il des promesses de revalorisation du secteur des soins de santé ? Entre mars et octobre, que s’est-il passé ? Y a-t-il eu de réelles mesures de refinancement, ou ne fut-ce qu’un début de refonte des politiques régissant le secteur ? Il est vrai que le temps à peut-être manqué. Après tout, il fallait constituer un gouvernement fédéral, au bout de 493 jours, le temps commençait à presser. Il fallait également revoir les budgets des nouveaux cabinets ministériels : + 22%. Une question de priorités, sans aucun doute. Tant pis pour l’indécence d’une telle situation. Pendant ce temps-là, le personnel hospitalier a fait face à une seconde vague en trainant les séquelles de la première : fatigue, voire épuisement, maladie, etc.

Quelques miettes, une réponse individuelle à une demande collective

Tant pis aussi pour le personnel hospitalier. Ils recevront, individuellement, une enveloppe, en lieu et place de ce qu’ils ne cessent de réclamer : plus de moyens pour leur secteur. Plus de personnel, plus de matériel, plus de temps à passer avec les patients, plus d’humain. Ces millions d’euros auraient peut-être pu y être employés, du moins en constituer le point de départ. Au lieu de cela, on offre, encore et toujours, à une demande collective une solution individuelle. Ne pas écouter le terrain. Diviser pour mieux régner. Quelques miettes pour espérer contenter. Et encore, cela ne concerne que le personnel hospitalier. Les autres soignants, quant à eux, n’ont même pas l’heur d’exister.

MF - travailleuse sociale

[De la même autrice] :
 Hausse du budget des cabinets ministériels : on ne se moquerait pas un peu (beaucoup) de nous ?
 Mieux que Viva for Life, la sécurité sociale
 Travailleur social : (se) motiver au changement
 Le non-marchand, encore et toujours oublié de la crise
 Travailleur social : astuces pour mieux communiquer, malgré le masque
 "Être éducateur dans une société en crise"
 Le non-marchand, oublié du (dé)confinement
 Patients psychiatriques, détenus, personnel : les oubliés de la crise
 Coronavirus : travailleur social en télétravail ?
 Coronavirus : quand nos hôpitaux en sont réduits à mendier...
 Gare à la surenchère dans l’offre de services sociaux
 Toujours en burn-out malgré les vacances...
 Vivre un deuil au travail
 De l’injonction à la résilience chez le travailleur social
 Éducateur spécialisé, le parent pauvre
 L’hypnose, un formidable outil pour le travailleur social
 Travailler en réseau : bénéfices et difficultés
 Les travailleurs sociaux sont-ils tous sur un pied d’égalité ?
 Travailleur social : gérer la lassitude professionnelle



Commentaires - 1 message
  • tu parles d'une prime d'encouragement: j'ai travaillé temps plein chez 2 employeurs de la commission 319.02, tous mes collègues ont bénéficié de cette prime "en entier" càd 985 BRUT, personnellement, J'ai travaillé du 01/01/2020 dans un IHP jusqu'au 12 juillet 2020, ensuite j'ai changé d'employeur le 13 juillet pour un cdi, on m'a versé 122 euros........ n'ai-je pas droit à cette prime en "entier" puisque qu'elle est calculée selon le secteur au sein duquel on oeuvre??? ARNAQUE???

    nick66 jeudi 28 janvier 2021 09:55

Ajouter un commentaire à l'article





« Retour