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Educatrice spécialisée en internat : « Mon boulot est hyper gratifiant »

Educatrice spécialisée en internat : « Mon boulot est hyper gratifiant »

Amina est éducatrice spécialisée en internat depuis le début de sa carrière, soit une petite dizaine d’années. L’internat où elle travaille est rattaché à un institut d’enseignement spécialisé et accueille des enfants de 5 à 21 ans, à la base handicapés de types 1 et 2. Si travailler en internat n’a pas forcément la cote chez les éducateurs, Amina nous décrit un lieu de vie et de travail rythmé par les imprévus et les apprentissages.

Le Guide Social : En quoi consiste le métier d’éducateur en internat d’enseignement spécialisé ?

Amina : Nous accueillons des enfants de 5 à 21 ans, à la base handicapés de types 1 et 2, mais nous en avons de plus en plus de type 3. Nous sommes chacun référent de plusieurs enfants et nous les accompagnons au quotidien, dans leur scolarité, mais aussi dans tous les aspects de la vie quotidienne. Ces enfants sont généralement hyper suivis : psychologues, logopèdes, ergothérapeutes, etc, aussi, nous essayons de ne pas nous substituer à tous ces professionnels, mais bien de rester dans le quotidien « familial » et scolaire. Nous sommes également un partenaire de toutes les structures accompagnant l’enfant, ainsi que des familles, dont nous sommes souvent le premier interlocuteur. Il arrive fréquemment que nous soyons les premiers à prendre conscience, voire à dénoncer certaines situations. Notre rôle est multiple, varié et riche.

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"Le manque de personnel qualifié rend nos conditions de travail parfois très compliquées"

Le Guide Social : Décrivez-nous une semaine type.

Amina : Nous commençons après l’école et nous occupons des devoirs, des goûters, des diverses activités, de tout ce qui tourne autour des repas, des douches et des couchers. Nous sommes également présents pendant la nuit et en matinée, où nous nous occupons des levers, de la préparation pour l’école, des déjeuners, du départ vers l’école. Notre horaire de boulot s’étend de 15h30 à 8h30, ce à quoi il faut ajouter environ 2h de réunion par semaine. Le week-end et durant les vacances scolaires, l’internat est fermé car les enfants sont en famille ou en foyer. D’un point de vue pratique, nos horaires sont essentiellement de soirée et de nuit.

Le Guide Social : Quelles sont les difficultés de votre métier ?

Amina : La difficulté principale est liée aux horaires. Comme je le disais précédemment, nous travaillons surtout en soirée et la nuit. Tout d’abord, il faut être capable de travailler de nuit, ce n’est pas donné à tout le monde, surtout lorsqu’il faut alterner entre nuits et journées. En outre, nos horaires sont très difficilement négociables et ils sont assez incompatibles avec la vie de famille, puisque je travaille lorsque mes enfants sont à la maison, hormis pendant les vacances scolaires, où nous sommes fermés.

Une autre difficulté, qui est propre à l’institution où je travaille, vient des liens que nous avons avec notre direction, qui n’assume pas son rôle. Il y a énormément de tensions entre l’équipe et notre chef, mais aussi avec la direction. Le manque de personnel qualifié rend nos conditions de travail parfois très compliquées. L’évolution de la population que nous accueillons est un autre aspect qui devient difficile : les enfants ont des problématiques de plus en plus complexes, associées, qui ne relèvent plus du « simple » handicap de type 1 ou 2 et notre structure ne suit pas cette évolution, que ce soit en termes de modalités d’accueil, mais aussi de formation du personnel.

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"On vit des moments magiques au quotidien avec ces enfants parfois bien abîmés"

Le Guide Social : Qu’est-ce qui vous fait aimer votre métier ?

Amina : Les enfants. Ils sont tout simplement magiques. Les voir s’épanouir, être à leur contact, essayer de déceler la petite étincelle que je vais tenter de nourrir, tout ça est fantastique. Voir de la reconnaissance chez eux, c’est très nourrissant et ça me fait dire que je ne fais pas tout ça pour rien. Chaque jour recèle son lot de petites victoires qu’il faut essayer de repérer. Voir les yeux des enfants s’illuminer lorsqu’on fait une activité, les voir prendre conscience du monde auquel ils ont accès lorsque nous organisons une sortie… Parfois, certaines victoires concernent aussi les familles, à long terme, lorsque, par exemple, à force de taper du poing sur la table, on arrive à faire intervenir un service au sein d’une famille, dans l’espoir que les choses évoluent et que le climat s’apaise. On vit des moments magiques au quotidien avec ces enfants parfois bien abîmés.

Le Guide Social : Que diriez-vous à un futur collègue ?

Amina : Qu’il faut être supra-hyper-méga positif. Notre intervention est ponctuelle dans la vie de ces enfants, mais elle n’est pas négligeable. Nous ne sommes pas de simples surveillants, mais bien partie prenante de l’évolution, des acteurs à part entière de l’éducation de ces jeunes, qui méritent qu’on prenne soin d’eux, d’autant plus que la vie ne leur fait pas de cadeau. Nous intervenons à un instant T et parfois, ça peut être décourageant de voir débarquer toute la fratrie les uns après les autres, voire même les enfants de nos précédents pensionnaires, mais il ne faut pas s’arrêter à ça, plutôt se dire que notre boulot est d’intervenir là où nous sommes, et d’essayer de développer au maximum les capacités des enfants, leurs atouts, leur potentiel. Nous sommes des jardiniers, voire même des jardiniers différés et c’est tout le beau de notre métier.

Propos recueillis par MF - travailleuse sociale

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