Burn-out : les signes qui ne trompent pas
Récemment, je parlais avec une amie en plein burn-out et évoquer sa situation m’a fait replonger dans des souvenirs pour le moins désagréables : mon propre burn-out, vécu en début de carrière. Rétrospectivement, je me dis que quitte à vivre cette épreuve, autant que ça ait été si tôt dans ma carrière, car cela a complètement changé ma vision du travail et m’a sensibilisée de manière durable.
Vivre un burn-out est une réelle épreuve et non pas un énième phénomène de mode. S’en relever prend du temps, beaucoup de temps et cette épreuve laisse toujours des séquelles. Immense fatigue, symptômes physiques, abattement, perte de confiance en soi, etc. font partie des multiples états auxquels on est confronté, parfois pendant des mois. Le processus de guérison implique du temps, de la patience, de la bienveillance envers soi et l’aide de professionnels. Cela sous-entend aussi de prendre du recul et de se remettre en question, notamment dans son rapport au travail. Bref, c’est un réel cheminement, qui peut être ardu. Et plus on tarde à accepter la réalité, plus long est le chemin vers la guérison. Voici quelques signes qui ne trompent pas et ne devraient pas être ignorés.
Aller au boulot avec la boule au ventre
C’est le premier et certainement le plus important. Aller au boulot avec la boule au ventre n’est pas anodin. Je ne parle pas des « jours sans » où on préférerait traîner toute la journée, mais d’une réelle angoisse à l’idée d’aller bosser. D’avoir l’estomac noué, de partir avec des pieds de plomb, d’être aux antipodes du plaisir.
Un tel état peut exister de manière momentanée, suite à un événement bien précis, mais à partir du moment où les raisons sont identifiées et le problème résolu, l’état ne devrait pas persister. Au contraire, lorsque cet état devient permanent, que chaque jour de travail est une corvée sans nom, c’est un drapeau rouge à prendre en considération.
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Ressentir des symptômes physiques de manière chronique
Migraines, maux de ventre, de dos, torticolis, tics nerveux, troubles digestifs … Sont autant d’indicateurs que vous êtes en train de vivre une situation qui ne vous convient pas. Notre corps parle, et lorsque nous décidons de ne pas l’écouter, il crie. Voir ces symptômes s’installer de manière chronique est un autre signe alarmant.
Lorsque j’ai vécu mon burn-out, juste avant d’être mise en arrêt de travail, j’avais des migraines de trois jours toutes les semaines, des crampes au ventre quotidiennement et étais régulièrement bloquée au niveau du dos. Tous ces symptômes ont disparu dès ma mise en incapacité de travail.
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Avoir un sommeil perturbé
Notre sommeil est un précieux indicateur de notre santé physique et mentale. Un sommeil perturbé est le signe que nous vivons une situation perturbante. Insomnies, cauchemars, sommeil non réparateur… tous ces phénomènes sont un signal d’alarme, surtout s’ils s’installent dans le temps et s’ils sont concomitants avec d’autres. Les rêves sont toujours un précieux indicateur. Notre cerveau y rejoue les scénarios des événements qui nous angoissent, nous perturbent, nous font peur.
Perdre la notion de plaisir au travail
De base, un boulot sert à gagner de quoi vivre, et le plaisir est optionnel. Bon, c’était surtout vrai avant et ça peut encore l’être lorsque notre travail est clairement alimentaire. Mais lorsque c’est le cas, c’est clair dès le départ. On sait qu’on n’aime pas ce travail, qu’on le fait uniquement pour le salaire, ou encore les horaires, les avantages, etc. Dès le départ, il n’y a pas de notion de plaisir, mais un simple respect des termes du contrat.
En revanche, lorsqu’on décide d’exercer un métier qui nous plaît, nous procure du plaisir et que cela est important pour nous, perdre cette dimension de plaisir en chemin est un signal d’alarme, surtout s’ils est en lien avec d’autres.
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Ne plus trouver de sens au travail
Dans la même veine, ne plus trouver de sens à son travail est un drapeau rouge, surtout si cet état n’a pas toujours été. Nous avons tous besoin de nous sentir utiles socialement, que notre travail ait un sens à nos yeux. Avoir l’impression que ce n’est plus le cas participe à un engrenage néfaste.
Prendre conscience que l’on traverse un burn-out est particulièrement difficile, car on a « le nez dedans » et il nous est compliqué de prendre un recul salutaire sur notre situation. Il existe une tendance bien naturelle à nier ou minimiser les faits, à se dire que nous prenons les choses trop à coeur ou qu’il faut prendre un peu sur soi. Il y a une grosse différence entre un moment inconfortable et passager qui nécessite effectivement de serrer un peu les dents et une situation de burn-out qui se caractérise par la persistance et l’aggravation de l’inconfort. Lorsque plusieurs de ces signaux coexistent et s’installent dans la durée, qu’ils sont en lien avec une situation problématique au travail, c’est le signe qu’il faut agir pour préserver sa santé. Bien souvent, notre entourage s’en rend compte avant nous et essaye de nous avertir. Si naturellement, nous aurions envie de faire fi de ces avertissements, ils sont précieux.
MF - travailleuse sociale
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