Travail de nuit dans le secteur des soins : 5 conseils pour plus d’équilibre

Céline est infirmière au sein d’un service d’urgences depuis une vingtaine d’années. Cette pétillante quadra, maman de trois enfants, a toujours travaillé en milieu hospitalier et, de fait, a toujours travaillé de nuit comme de jour. Dans ce premier épisode de notre entretien, elle livre de précieux conseils afin de conserver un équilibre physique et mental malgré cette pratique contre nature.
1. Être à l’écoute de ses besoins
« Mon premier conseil serait de bien s’observer et apprendre à décrypter ses besoins. Nous ne fonctionnons pas tous de la même façon et si, pour certains, dont j’ai la chance de faire partie, les nuits éveillées ne sont pas trop éprouvantes, ce n’est pas le cas pour tous. Être à l’écoute de soi, de ses besoins, est essentiel si on veut pouvoir tenir sur le long terme. Certains pourront enchaîner les nuits, là où d’autres devront les espacer afin de mieux récupérer. Dans la plupart des services, les chefs infirmiers sont à l’écoute de ce genre de désidératas. »
2. Oser dire non
« Dans beaucoup de services, on fonctionne avec trop peu de personnel et les demandes de remplacement sont nombreuses. On peut être tenté d’accepter systématiquement, par loyauté envers ses collègues, les patients, etc, mais ce n’est pas nécessairement une bonne chose pour soi. Le métier d’infirmière est un métier éprouvant, physiquement et intellectuellement, tout comme le fait de décaler en permanence son rythme. C’est important d’oser se respecter en disant non lorsqu’on est fatigué, qu’on a besoin de repos ou tout simplement de se changer les idées. De plus, en acceptant systématiquement, on ne permet pas au système de s’améliorer, car on pallie nous-mêmes à la pénurie de personnel. »
3. S’octroyer du repos sans culpabiliser
« Il faut comprendre que lorsqu’on travaille de nuit, on force son corps à entrer dans un rythme qui n’est pas naturel. La fatigue est plus grande qu’après une journée de travail et la récupération est plus difficile. Dormir la journée n’est pas naturel non plus ! Même quelqu’un qui arrivera facilement à dormir la journée, comme c’est mon cas, ne dormira pas plus de 6h ou 7h, ce qui est peu et entraîne des carences en sommeil qu’on ne récupère jamais. Il est donc important de s’octroyer des périodes de repos, ce qui signifie organiser sa vie en fonction : par exemple si on a des enfants, ne pas culpabiliser de les laisser en crèche ou à la garderie pour se reposer, ou encore ne pas trop se charger de tâches durant les périodes de repos. »
4. Faire attention à son alimentation
« Tout cela est très variable d’une personne à l’autre, mais il faut savoir qu’en travaillant la nuit, on aura faim, parfois plus que pendant la journée. Personnellement, je mangerais tout le temps ! La fatigue et le décalage de rythme entraînent également une plus grande envie de sucre et de gras. Ce que je fais, c’est préparer toute ma nourriture d’avance : aussi bien les repas que les snacks, que je mets dans des petites boîtes, pour éviter de m’enfiler tout le paquet ! J’essaye de prendre des fruits, des fruits secs, ce genre de choses, et de ne pas succomber au distributeur. »
5. Être prudent dans sa pratique sportive
« En termes d’activité physique, c’est important de conserver une pratique sportive, mais peut-être pas en période de nuits. Il m’est déjà arrivé de me blesser en allant courir entre les nuits. Je crois que le corps, les muscles, les articulations sont plus fatigués et fragiles dans ces moments et qu’on se blesse plus vite. On est moins vigilant aussi. Se lever après avoir travaillé la nuit et dormi la journée, c’est comme se lever avec une gueule de bois ! Quand je me lève, il me faut environ 2h pour me sentir bien éveillée ! Pour ma santé physique, mentale et pour mon équilibre, j’essaye de faire de l’exercice régulièrement, mais je ne le préconiserai pas en période de nuits, plutôt en dehors, sauf si c’est une pratique sportive moins risquée. »
Propos recueillis par MF, travailleuse sociale
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