Travailleur social : comment démotiver un collaborateur compétent et investi - 2e partie
Lorsque j’ai rédigé le texte "Travailleur social : comment démotiver un collègue compétent et investi", je ne pensais vraiment pas qu’il aurait un tel écho, qu’il parlerait à autant de lecteurs … Malheureusement, c’est le cas. J’ai donc décidé d’approfondir le sujet … Petit guide (plus) très ironique pour les responsables d’équipes et d’institutions en mal d’idées.
– Lire aussi : Travailleur social : comment démotiver un collègue compétent et investi
Sous payez le
Et expliquez-lui bien que s’il n’est pas content, il peut prendre la porte. Après tout, il y en a des centaines qui attendent après sa place. Mieux encore, et beaucoup plus subtil, faites appel à son sens de l’auto dépréciation en lui expliquant que les barèmes sont ainsi faits et qu’il n’est vraiment pas possible de le payer plus. De la sorte, il finira par croire que son travail ne vaut pas plus et qu’il est normal d’être payé des clopinettes pour le faire…
Ne l’écoutez pas
N’écoutez pas ses doléances et ses propositions. Voire même, toujours dans la subtilité, faites semblant de les écouter, mais n’en tenez pas compte. Variez les techniques, c’est plus déstabilisant. En tout cas, l’idée est que votre collaborateur ait l’impression de se heurter à un mur à chaque fois qu’il vous parle. Que ses propositions et plaintes ne sont pas entendues. Et réellement, n’écoutez rien. Vous épargnerez ainsi vos oreilles et votre cerveau.
Ne l’impliquez pas
Cela rejoint le point précédent. Par exemple, lors des réunions d’équipe, ne faites aucun cas de ses propositions ou de ses idées. Restez buté et borné dans vos principes, ne vous remettez pas en question. Ne l’impliquez dans aucune décision, même celles qui le concernent directement. Faites de lui un simple exécutant, surtout s’il s’agit de choses qu’il ne comprend pas ou pour lesquelles il est important qu’il soit en accord avec ses valeurs.
Multipliez les petites vexations quotidiennes
Attention toutefois à ne pas franchir le pas du harcèlement, cela pourrait vous causer des problèmes. Par contre, vous pouvez franchement multiplier les petites vexations quotidiennes, telles qu’oublier de saluer, vous montrer hargneux, lui prouver à travers un ensemble de petites choses qu’il n’a aucune valeur à vos yeux et au sein de l’équipe : déranger ses affaires, oublier de tenir compte de ses réservations de locaux, ne pas lui attribuer de matériel convenable, etc.
Faites-lui croire qu’il n’est pas à sa place
Lorsqu’il vous fait part de problèmes rencontrés sur le terrain, ne soyez pas à son écoute. Ne faites pas preuve d’empathie, n’essayez pas de vous mettre à sa place. Au contraire, accablez-le et faites-lui croire que son ressenti est anormal, qu’il n’est pas à sa place dans son travail. Qu’il finisse par penser que les conditions dans lesquelles il l’exerce sont normales et que c’est lui qui a un problème, aussi indignes que lesdites conditions soient (et, entre nous, on sait très bien qu’elles sont moches).
Ne lui montrez aucun respect
Ni pour ses idées, ni pour sa personne. En fait c’est l’essence même de ce guide. Vivez dans votre tour d’ivoire et ne montrez surtout aucun respect, aucune considération envers vos collaborateurs. Ne voyez pas leur enthousiasme, leur motivation, n’essayez pas de les entretenir, de les développer, de faire votre travail, à savoir permettre à votre équipe de grandir, et ainsi à votre institution d’évoluer. Après tout, vos collaborateurs ne sont que des mouchoirs jetables, n’est-ce pas ? Il y en a plein qui attendent sur le pas de la porte pour prendre leur place…
MF - travailleuse sociale
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