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La confiance n'exclut pas le contrôle !

30/08/18
La confiance n'exclut pas le contrôle !

Le contrôle est indispensable à la bonne marche d’une institution. Pour autant, il n’est pas censé être un outil de violence ou de maintien de l’ordre. Bien souvent, les travailleurs le redoutent et les employeurs s’en servent à mauvais escient.

De nombreux travailleurs se sentent menacés lorsque des dispositifs de suivi sont mis en place. Ils ont le sentiment qu’on ne leur fait plus confiance ou qu’on essaye de les piéger. Dans les faits, les outils de contrôle font souvent leur apparition lorsque l’entente est rompue ou que l’employeur essaye de trouver une cause de licenciement. Alors que ces procédures sont supposées aider à identifier et objectiver les dysfonctionnements, elles sont surtout mises en opposition avec le lien relationnel entre employés et hiérarchie. Je pense que la plupart des professionnels se méprennent sur l’utilité du contrôle et sur le sens qui est donné au mot confiance.

Contrôles à géométrie variable

J’ai connu une place où les exigences n’étaient pas les même pour tous. Certains devaient remplir des heures, d’autres pas, les proches de la hiérarchie pouvaient s’arranger avec elle, les autres devaient respecter les règles (supposées être les mêmes pour tout le monde). J’ai vu et vécu des situations où le contrôle n’apparaissait qu’en cas de désaccord. Dans ces cas-là, celui qui vérifie, ainsi que ses procédures, perdent toute leur légitimité. Il ne s’agit pas de contrôler, mais de favoriser certains travailleurs et coincer les autres.

« On marche à la confiance »

J’ai souvent entendu mes supérieurs dire « je marche à la confiance », soit parce qu’ils n’avaient pas les compétences qu’exige le contrôle, soit parce que ça les arrangeait bien d’être dans une relation interpersonnelle plutôt que professionnelle. Invariablement, lorsque les désaccords et les conflits émergeaient, la confiance était « rompue » et c’était la déferlante de manœuvres violentes sous prétexte de contrôle et d’équité. A contrario, ceux qui annonçaient leurs intentions de contrôler sont restés impartiaux même dans les moments de tension.

Confiance …

La confiance n’est pas en lien avec le besoin de contrôle. La confiance c’est ce qui permet à un supérieur hiérarchique de laisser un travailleur réaliser son travail comme il le sent. Pour exemple, lorsqu’on fait confiance à son équipe on lui donne des objectifs et on la laisse s’organiser pour les atteindre. Cela n’empêche pas de vérifier le respect des procédures et des règles. Objectivement, il n’y a pas de raison qu’un coordinateur (par exemple) fasse confiance à un travailleur pour respecter des obligations telles que les horaires ou les procédures.

… et contrôle

Le contrôle porte sur les procédures plus que sur les méthodes pédagogiques. Ce n’est pas parce que l’on fait confiance à son enfant qu’on ne signe pas son bulletin ou son journal de classe. Il en va de même sur nos lieux de travail. La vérification des tâches permet d’assurer que chacun remplit sa fonction et que ce qui doit être fait est fait. Ce n’est pas un outil permettant de tenir les travailleurs au pas, bien que cela soit souvent utilisé comme ça. Pour exemple, le contrôle c’est ce qui assure que les heures prestées soient payées ou récupérées.

Quand le contrôle sert

Lorsque je travaillais en rue, j’ai connu une mésaventure où le contrôle m’a été favorable. J’étais très hostile à toute forme de suivi ou de surveillance. Pourtant, le jour où la direction a remis en doute mon honnêteté et ma présence sur le terrain, le coordinateur a annoncé qu’il avait effectué plusieurs fois des contrôles. Il a donc dit à la direction qu’au-delà de mes potentiels défauts, j’avais toujours été exactement à l’endroit où je devais être. Dans ce cas très concret, le contrôle m’a protégé.

Perceval Carteron, éducateur

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