Travail de nuit : Céline, infirmière, partage les avantages et les inconvénients

Céline est infirmière urgentiste depuis une vingtaine d’années. Elle alterne travail de jour et de nuit depuis le début de sa carrière. Pour le Guide Social, elle fait le point sur les avantages et les inconvénients de ce travail à horaires décalés.
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Plus de souplesse et de flexibilité
« Pour moi, un des principaux avantages du travail à horaires décalés, c’est la souplesse et la flexibilité. J’ai commencé dans un hôpital où on faisait les 3 pauses et ici, on fait des gardes de 12h. Dans un cas comme dans l’autre, on a des jours de repos, des moments qui nous permettent de prendre des rendez-vous médicaux, de faire des démarches administratives, etc, sans devoir prendre congé. On a aussi des jours de congé en semaine, qui nous permettent de nous reposer tranquillement, de prendre du temps pour soi et c’est un plus en termes de vie de famille. Lorsqu’on a un travail avec des horaires de bureau, ce n’est pas le cas. »
Tisser des liens privilégiés entre collègues
« Un autre avantage du travail de nuit, c’est que le service est plus calme, non pas nécessairement par le nombre de patients, car parfois on en a autant que la journée, mais parce qu’on a moins d’appels, d’interruptions autres, d’allées et venues, de stimulations puisque moins de personnes travaillent dans l’hôpital. Ça nous permet de nous poser autrement, de tisser des liens entre collègues. La nuit, on se débrouille plus aussi. Si on a un petit pépin, on essaye de se débrouiller avant de réveiller la personne de garde ! Bien entendu, on parle ici de petits problèmes, pas de choses en lien avec la santé des patients. »
Un rapport humain différent avec les patients
« Les patients sont différents la nuit. On peut avoir des situations un peu cocasses, des situations vraiment graves, mais on a aussi des habitués, des personnes qui consomment, qui ont des problèmes psychologiques, des gens avec qui on est plus dans un rapport humain que vraiment dans des actes infirmiers. »
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Une organisation familiale très compliquée
« L’organisation peut être très compliquée à partir du moment où on a une vie de famille. Ce n’est pas quelque chose que l’on mesure lorsqu’on a 20 ans et que l’on choisit de faire ce métier, car on est jeune, plein d’énergie, et on ne s’imagine pas plus âgé, avec une récupération plus compliquée, ou encore avec la gestion qui va avec des enfants. Par exemple, quand mes enfants étaient petits, mon mari de l’époque était entrepreneur et, lorsque je partais travailler, à 19h30, il n’était pas toujours rentré. Il fallait dès lors organiser une garde pour cette période de transition, mais aussi pour conduire les enfants à l’école le matin. C’est une organisation qui peut être militaire, et une charge mentale supplémentaire. »
Un lourd impact physique et mental
« La vie de famille est impactée aussi. Lorsqu’on travaille de nuit, on se décale complètement par rapport à notre rythme naturel, aussi, on accumule une fatigue qu’on ne récupère jamais. Il y a également un impact sur notre moral, notre humeur, notre santé mentale. On pourrait poser la question à tous les enfants et les conjoints de personnes qui travaillent la nuit : en période de nuits, on est hargneux, irritable, irascible et ça rejaillit sur toute la famille. De nouveau, avec des enfants, c’est parfois compliqué de se reposer, car les enfants ne comprennent pas toujours qu’on doive dormir la journée. »
Une récupération difficile
« En vieillissant, ça devient vraiment plus compliqué de se reposer, de se remettre de ses nuits. J’ai la chance de me décaler facilement, de pouvoir dormir la journée, mais aussi de me remettre facilement dans un rythme de jour et pourtant, je remarque, en ayant 44 ans, qu’il me faut beaucoup plus de temps pour récupérer, parfois 3 ou 4 jours après une série de nuits. Notre boulot est fatiguant physiquement et intellectuellement. D’ailleurs, j’ai aménagé mon temps de travail et suis passée à mi-temps à l’hôpital et à mi-temps en tant que formatrice pour gérer mieux cette fatigue liée aux conditions de travail. De nouveau, à 20 ans, on ne pense pas à ça. Heureusement, le métier d’infirmière permet vraiment de se réorienter dans plein de secteurs différents. »
Propos recueillis par MF - travailleuse sociale
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