Travailler jusque 67 ans... non, mais oui !
Actuellement, l’âge légal de la pension est de 65 ans en Belgique. En 2030, il sera de 67 ans. Et ensuite ? Concrètement, vous vous imaginez travailler jusque 67 ans ? Moi non plus … Malheureusement, c’est un choix qui ne nous est pas (toujours) donné, et encore moins lorsqu’on a choisi (ou pas) de travailler à temps partiel.
Officiellement, nous devrons donc travailler jusqu’à 67 ans. Il paraît cependant qu’actuellement, la majorité des Belges prennent leur pension plus tôt, soit à 63 ou 64 ans. Cet âge est cependant à nuancer, car il concerne surtout les fonctionnaires. Les travailleurs du secteur privé, quant à eux, prennent leur pension à un âge proche de l’âge légal, surtout s’ils ont travaillé à temps partiel.
Peu de travailleurs sociaux ont un statut de fonctionnaire
En tant que travailleurs sociaux, nous pouvons travailler pour le secteur public, sans pour autant avoir le statut de fonctionnaire, ce qui est de plus en plus fréquent à l’heure actuelle. Certains d’entre nous bénéficient de ce statut, mais ils sont de plus en plus rares. Nous pouvons également travailler dans l’associatif ou dans diverses institutions, autrement dit, dans le secteur privé. Un petit nombre travaille également en tant qu’indépendant, même si peu le sont à titre principal.
De plus en plus sont occupés à temps partiel
Cet état des lieux brosse assez clairement le portrait de travailleurs sociaux occupés jusqu’à l’âge légal de la pension, d’autant plus que nombre d’entre nous optent pour des temps partiels, que ce soit pour privilégier une certaine qualité de vie familiale, ou parce que le travail en lui-même peut être trop lourd pour être effectué à plein temps. Sans parler des temps partiels subis, qui sont aussi une réalité de notre secteur. Qui plus est, une majorité des travailleurs sociaux sont des travailleuses, et le fait est bien connu que les femmes, surtout les mères, sont majoritairement représentées au niveau des occupations à temps partiel…
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Imaginez-vous travailler jusqu’à presque 70 ans ?
Nous voilà donc à envisager de travailler jusqu’à presque 70 ans… Je ne sais pas vous, mais moi, j’ai du mal à l’imaginer. J’ai envie de dire que nos métiers ne sont pas de ceux que l’on peut exercer si tard… Imaginez-vous travailler en maison de jeunes, en animation extra-scolaire, en institution résidentielle ou encore en travail de rue à 67 ans et plus (car rien ne garantit que cet âge ne recule pas encore) ? Moi pas. Ceci dit, aucun métier ne peut réellement s’exercer à 67 ans car, au final, tous les métiers sont pénibles à cet âge.
Place aux jeunes ?
Qui plus est, pendant que nous serons occupés à continuer à travailler à un âge auquel nous aurions amplement mérité de nous reposer et de nous consacrer à d’autres activités, personnelles et familiales, d’autres travailleurs seront en recherche d’emploi. Des travailleurs plus jeunes, plus en phase avec le monde et la société de demain, avec une vie et un avenir à construire, de l’énergie, de l’idéalisme et de la motivation à revendre… Des travailleurs en attente d’un emploi que nous occuperons jusqu’au bout, du moins tant que notre santé le permettra, car nous ne pourrons pas faire autrement, financièrement parlant.
De l’importance du troisième pilier
Alors que faire ? Sachant qu’en plus, nos salaires étant assez peu élevés, notre pension sera du même acabit, d’autant plus pour les personnes ayant travaillé à temps partiel.
Ma foi, il me semble nécessaire d’appliquer le principe de réalité. Oui, nous cotisons pour un système social. Non, il n’est plus aussi performant qu’avant. Les choses vont-elles aller en s’améliorant pour nous ? Je ne pense pas. Personne ne le sait à vrai dire, alors autant prévoir et s’organiser, ce qui ne signifie pas renoncer à militer. J’ai vu suffisamment de pensionnés ayant travaillé toute leur vie et peinant à joindre les deux bouts pour me dire qu’anticiper est devenu indispensable.
Autant envisager des portes de sortie : reconversion vers un métier moins lourd, aménagements en interne, etc. Et penser à se constituer une épargne personnelle et / ou un patrimoine immobilier permettant de venir compléter la - maigre et tardive - pension que nous aurons. Car oui, de nos jours, le troisième pilier est indispensable. Il le sera encore plus demain.
MF - travailleuse sociale
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