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Travail social : vulnérabilité et empathie, quand le lien s’en mêle

26/10/23
Travail social : vulnérabilité et empathie, quand le lien s'en mêle

Être travailleur social, c’est entre autres choses, faire preuve d’empathie. Mais au fond, qu’est-ce que c’est que l’empathie ? Et surtout, dans la vraie vie, qu’est-ce que ça change d’entrer profondément en empathie ?

Le dictionnaire définit l’empathie comme la capacité à s’identifier à autrui dans ce qu’il ressent. En d’autres termes, « se mettre à la place de » l’autre. Entendre, entrer en résonance, marcher dans ses chaussures, ressentir … Nombre d’entre nous nous efforçons de pratiquer au mieux l’empathie dans notre travail quotidien. Car sans empathie, pas de lien. Et sans lien, on peut travailler, mais pas tout à fait…

 Lire aussi : Travail social : résister à la tentation d’en faire trop pour se préserver

Pratiquer l’empathie revient à accepter notre vulnérabilité

Être véritablement, profondément en empathie suppose d’écouter l’autre de tout notre être, de nous autoriser à ressentir ce qu’il évoque, ce qu’il ressent, de créer cet espace privilégié où l’on fait taire notre vacarme intérieur et où l’on reconnaît que oui, ce que l’autre raconte résonne en nous, que c’est parfois inconfortable et que c’est ok. Écouter véritablement l’autre, c’est lui laisser la place et lui laisser la place, c’est accepter, en toute humilité, notre propre vulnérabilité.

Offrir le cadeau de la compréhension profonde

C’est uniquement lorsqu’on se sent véritablement entendu, compris, reconnu dans ce que l’on est que l’on peut offrir la confiance nécessaire à la création d’un lien qui va constituer la base de toute relation, qu’elle soit personnelle ou professionnelle. Nous travaillons avec des personnes qui demandent notre aide pour cheminer. Le lien que nous allons créer avec elles va déterminer le type d’accompagnement que nous allons pouvoir leur proposer, jusqu’où nous allons pouvoir cheminer avec elles.

Etre vrai

Ce lien, nous ne pouvons pas le créer si nous ne « sonnons pas vrai ». Si la personne pense que nous ne la comprenons pas, que nous ne faisons que prononcer des paroles vides de sens, que nous ne savons pas de quoi elle parle, que nous ne vivons pas les mêmes difficultés, que nous n’avons pas idée, que nous donnons des conseils sans savoir de quoi nous parlons ou appliquons des techniques toutes faites, ou encore que nous suivons les étapes d’une procédure sans regarder qui nous avons en face ou à côté de nous.

Ecouter sans réserves nous humanise

Certes, nous ne vivons peut-être pas les mêmes situations, nous n’expérimentons pas tous de graves traumatismes psychologiques, des situations de violences extrêmes, de rejets, d’abandons, mais nous connaissons tous la peur, la honte, la culpabilité, la crainte de ne pas être aimé, accepté. Nous luttons tous dans notre vie, chacun à notre manière. Notre vécu, notre histoire nous humanisent. Écouter sans réserves suppose de laisser les paroles de l’autre pénétrer l’armure que nous revêtons inconsciemment quotidiennement. L’empathie réelle est à ce prix.

L’autre sait

Seule l’empathie réelle permet de construire un lien solide. Car l’autre sait. Il sait que nous le comprenons pour de vrai car nous passons par là nous aussi, à notre manière. Il le comprend, le lit dans nos yeux. Nul besoin de raconter notre vie, car plus que nos mots, notre attitude intérieure face à son récit, notre ouverture à notre propre vulnérabilité, le fait de reconnaître que nous sommes dans le même bateau, du même côté lui démontrent que nous sommes là, avec lui, pour de vrai, au-delà des fonctions et rôles de chacun.

MF - travailleuse sociale

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