Travail social : le difficile équilibre du travail en équipe
Pour certaines personnes, travailler en équipe est inné. Ils ont l’air de savoir d’instinct quoi dire à qui et à quel moment. Ils donnent l’impression de parvenir à s’accommoder de presque toutes les situations, d’être des pacificateurs nés, d’avoir toujours le bon mot. Peut-être êtes-vous l’une de ces personnes. Auquel cas, vous bénéficiez d’une compétence rare et précieuse. Peut-être êtes vous, comme moi, en admiration devant ces personnes, tout en ayant quelques difficultés à rejoindre leurs rangs. Voici un petit condensé de ce que j’ai appris au fil du temps.
Travailler en équipe s’apprend
Travailler en équipe s’apprend. Ça, c’est la bonne nouvelle. Oui, certaines personnes ont plus de facilités en société, et donc en équipe, que d’autres, mais il est toujours possible d’apprendre et de développer les compétences requises, a minima, pour travailler avec nos semblables. On ne va pas se mentir, la plupart des fonctions du secteur social requièrent de savoir travailler en équipe.
La première chose : observer
La première chose à faire est justement … de ne rien faire. C’est bête comme chou, du moins en apparence, mais nous n’avons pas deux oreilles et une seule bouche pour rien. Écouter, encore, beaucoup, en dire le moins possible, observer. Rester neutre, en tous points de vue, au moins le temps de comprendre dans quoi on met les pieds. En général, il faut quelques mois pour cerner les dynamiques d’un groupe, mais parfois quelques semaines suffisent. Motus et bouche cousue donc. Simple, mais vraiment très loin d’être facile, je le confesse !
Repérer les traits saillants et les habitudes de fonctionnement
Chaque groupe est un système, en ce compris une équipe de travailleurs sociaux. Et ce n’est pas parce que l’on est formés à la relation d’aide, aux dynamiques de groupe, etc. que l’on échappe aux règles qui sous-tendent leur fonctionnement. L’arrivée d’un nouvel élément vient inéluctablement perturber le fonctionnement du système, qui va devoir se recréer un nouvel équilibre. La bonne nouvelle, c’est qu’en venant perturber l’équilibre du système, le nouvel élément révèle les traits saillants de chaque individu composant le groupe, ainsi que les habitudes de fonctionnement de ce dernier.
Leader officiel et leader officieux
Nous avons tous des types de personnalités et de fonctionnement en équipe. Plutôt leader, suiveur, à attendre de sentir dans quel sens le vent souffle, plutôt pacificateur, plutôt solitaire etc. La règle d’or est qu’il ne peut pas y avoir plus d’un leader, sinon le fonctionnement du groupe est mis à mal. Et le leader n’est pas forcément la personne dont la fonction est de coordonner l’équipe … Ce qui rend bien entendu les choses plus complexes. Et passionnantes à observer !
La clé : repérer les besoins de ses collègues
C’est là que les choses se corsent. Il y a l’organigramme officiel et l’organigramme officieux. Les rapports de force, les attentes et besoins de chacun … ce qu’il est important de garder à l’esprit, c’est que nous avons tous un « agenda caché », fait de stratégies censées nous apporter la satisfactions des besoins que nous avons au travail.
La plupart du temps, nous ne sommes pas conscients de cela, mais parfois, nous agissons en toute connaissance de cause. Reconnaissance, valorisation, réassurance… Ces besoins peuvent être multiples et ils sont, pour celui qui les a, particulièrement importants. Repérer ces besoins et leur expression chez ses collègues, c’est en quelque sorte repérer les mines desquelles il est dans notre intérêt de ne pas s’approcher.
MF - travailleuse sociale
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