Un site de l'Agence pour le Non-Marchand
Informations, conseils et services pour le secteur associatif

Chronique d’un psy : "L’obligation vaccinale"

01/10/21
Chronique d'un psy:

Alors que notre Ministre de la Santé nous annonce mettre en place une obligation vaccinale pour l’ensemble des soignants de Belgique, T. Persons s’interroge sur cette démarche forte.

[Sur le même sujet] :
 "Non au Covid Safe Ticket dans les hôpitaux et les maisons de repos"
 Vaccination : le personnel des services PSE menace de faire grève !
 Les CPAS bruxellois appellent à une rapide vaccination du personnel des maisons de repos
 Maisons de repos : la Fédération des CPAS plaide pour une vaccination obligatoire du personnel
 Taux de vaccination des soignant.e.s : découvrez les chiffres de votre profession
 Loi vaccination obligatoire : « La déontologie centrale de nos métiers est de protéger les patients ! »
 Obligation vaccinale des soignants : les professions libérales veulent être concertées
 Vaccination obligatoire pour le milieu des soins : le terrain réagit

90,46 %. Un pourcentage qui parait anodin mais qui, pourtant, veut dire tellement de choses pour les psychologues cliniciens. Il ne s’agit pas de la statistique qui prédit la non-venue de votre avant-dernier patient de la journée ni les chances d’avoir des informations concrètes sur notre nouvelle convention avant Noël. Il est question ici du pourcentage de psychologues cliniciens complètement vaccinés en Belgique, selon Sciensano.

Neuf psychologues sur dix, vous me direz, c’est pas mal, non ? Eh bien, non. Ce n’est pas assez. En tout cas, si l’on place le curseur du point de vue de la santé publique, c’est même problématique. Certes, on peut se poser la question de la pertinence des chiffres, de la manière dont ceux-ci sont récoltés, des personnes qui ne pratiquent plus, des psy oubliés, mais malgré tout, il y a quelque chose qui peut se dégager si l’on regarde le tableau dans son ensemble : il y a des psychologues qui ne se font pas vacciner.

Clairement, si je dois penser sous le prisme de l’éthique ou de la morale, il est compliqué d’imposer à qui que ce soit un acte pour sa propre santé. Garder la liberté de choisir, c’est important, tout en se souciant que chacun ait la bonne information pour faire son choix. Je suis plus que sensible à la question de la liberté individuelle, garant de notre démocratie, tout en pointant l’hypocrisie qui pousserait à dire que la liberté dans une démocratie est absolue. Il y a des règles et des devoirs : on ne peut pas tuer impunément son voisin au nom de la liberté, tout comme on ne tape pas des pointes à 150 km/h sur l’autoroute. Du coup, peut-on envisager l’obligation vaccinale sous cet angle ? C’est une question compliquée, qui nécessiterait d’être creusée par des personnes plus brillantes que votre serviteur.

Un échec cuisant...

Cela fait des mois que le groupe « psychologie et corona » nous bassine, à juste titre, avec des concepts clés d’adhésion à la vaccination qui, malgré tout, ne semblent pas être entendus par nos élus politiques. Dans cette obligation vaccinale, on ne peut y voir qu’une seule chose : un échec cuisant. Celui de la communication, celui de l’information. En qualité d’acteur de la santé, mon parcours académique me rappelle à quel point la vaccination n’est pas un choix, c’est un devoir. Avec mon background scientifique, j’ai compris l’utilité d’être vacciné et je vous le confesse, j’ai du mal à saisir que certains psychologues puissent y être réticents, comme j’ai du mal avec les citoyens qui remettent en cause l’utilité du feu rouge, de la limitation de vitesse, ou du code pénal. On peut bien évidemment en débattre, questionner, se montrer critique, mais l’acte de la vaccination me semble inévitable, qu’il soit obligatoire ou non.

S’agit-il d’un échec de nos formations ? Avant de monter au créneau pour fustiger la privation de nos libertés individuelles, ne devrions-nous pas nous interroger sur le fait qu’en 2021, une infime poignée de soignants n’est pas suffisamment formée pour comprendre ce qu’implique la vaccination, pour le bien de ses patients ? On ne peut que regretter l’obligation vaccinale, parce qu’elle ne devrait pas exister, parce que l’ensemble de soignants devrait comprendre sans qu’on lui impose. Malheureusement ce n’est pas le cas.

En conclusion, alors que l’on me pose la question de savoir si je suis pour ou contre l’obligation vaccinale, je dirais que je suis fondamentalement pour une meilleure formation de l’ensemble des acteurs de la santé, que s’il faut miser dans quelque chose, c’est dans l’éducation et moins dans la répression. Idéaliste que je suis, j’aimerais vivre dans un monde où il n’y a pas de limitation de vitesse parce que les gens sont suffisamment conscients du danger qu’une arme telle qu’une voiture implique, mais malheureusement, c’est loin d’être le cas, et on ne peut que le déplorer.

T. Persons

[Les autres chroniques d’un psy] :



Commentaires - 5 messages
  • Bonjour,

    Merci pour votre chronique !

    Excusez d'avance la bêtise de ma question...

    Faisant partie de ces personnes peu informées ou simples d'esprit (voire génocidaires s'ignorant), une information pourtant de "bon sens", n'arrive pas à toutes les connexions neuronales du cerveau. J'y travaille ! Et heureusement, je compte bien que le praticien informé que vous incarné, aille au bout de son propos, pour m'aider. :-)

    Pouvez-vous, s'il vous plait, m'éclairer sur la dangerosité que peut être un non-vacciné pour une population majoritairement vaccinée (ou pas) ? L'idée du chauffard ou du meurtrier, j'ai compris (je pense) mais pas la déclinaison de l'invitation vaccinale d'une partie de la population et le lien avec l'infraction... pas !

    Par ailleurs, pensez-vous que les 100% de vaccinés élimineraient le virus qui nous occupe ? et pour aller au bout de mon interrogation : dès lors, si le virus persiste, ce seraient en raison de ces "poches" de non-vaccinés ?

    Merci de m'éclairer, vous praticien !
    Vous pouvez me l'expliquer comme si j'avais 5 ans, avec des mots simples, des images simples, des comparaisons simples.

    Milles mercis, au plaisir de vous lire.

    Anne Nonime.

    Anne Nonime jeudi 7 octobre 2021 10:37
  • Anne Nonime, merci pour cet agréable moment passé à vous lire. Le texte précédent, du Monsieur bien formé et bien éduqué, était moins agréable, et moins accessible aussi pour un esprit si mal éduqué que le mien. C'est pour cela que j'espère qu'il prendra la peine d'éclairer votre lanterne, et la mienne par la même occasion. Deux loupiotes pour le prix d'une. Que la lumière soit :-)

    Simalé Duqué jeudi 7 octobre 2021 11:46
  • Chère Anne Nonime,

    Merci d'avoir posé ces questions qui moi aussi me laissent perplexe.

    Ce monsieur qui se dit "penser sous le prisme de l'éthique et de la morale" semble bien peu tolérant et montrer "l'absence de jugements de valeurs" qui doit pourtant faire partie de notre profession.

    Heureusement, qu'il est là pour nous fournir des chiffres montrant une différence significative entre vaccinés et non vaccinés dans la contamination qui serait la "conséquence" des "anti-vax" comme on nous catalogue très bien (parce que les raccourcis ça fait vendre et surtout ça créé une Division pour mieux régner).

    Mais comme mon cursus universitaire me pousse à l'esprit critique et n'aime pas les raccourcis et les comparaisons culpabilisantes.

    Je voudrais juste ramener à monsieur les résultats de cette étude menée de 13 septembre 2020 et le 13 mars 2021.

    L'étude visait à déterminer, au sein du foyer familial, le taux de transmission du variant Delta et à évaluer l'impact du statut vaccinal sur le risque d'infection des sujets contact et la contagiosité

    Le séquençage génomique complet a confirmé que 71 participants avaient une infection au variant Delta (dont 18 cas index sur 19), 42 une infection associée au variant Alpha (un cas index et 41 sujets contact) et 50 une infection liée à un variant pré-Alpha (tous étaient des cas contact). L'âge des personnes enrôlées dans l'étude était compris entre 26 et 50 ans, l'âge médian étant de 36 ans. Tous les participants présentaient une forme de Covid-19 non sévère ou étaient asymptomatiques. La proportion de cas symptomatiques n'a pas différé selon que les personnes étaient totalement vaccinées, partiellement vaccinées ou non vaccinées.

    Parmi les 71 patients infectés par le variant Delta, 23 (32 %) étaient non vaccinés, 10 (14 %) étaient partiellement vaccinés et 38 (54 %) étaient totalement vaccinés. Parmi eux, 14 avaient reçu le vaccin Pfizer (à ARN messager), 23 celui d'AstraZeneca (à vecteur adénoviral) et 1 celui de Sinovac (vaccin entier inactivé).

    Concernant le point sur la notion de santé publique, qu'en est il de la santé de nos patients en suivi qui seront privés de leur thérapeute parce que ceux ci refusent pour l'instant l'administration d'un vaccin toujours en phase expérimentale pouvant (avec probabilité infime, certes) induire des effets secondaires plus ou moins graves?

    Qu'en est il des rdvs post posés, des personnes recalées à l'entrée des hôpitaux pour non présentation du CST?

    De la santé mentale des personnes subissant cette ségrégation ?

    Je vous invite également à lire les arguments copiés ici de façon non exhaustive d'un groupe d'avocats vis à vis de l'obligation vaccinale.

    "Jurisprudence européenne sur l'obligation vaccinale.
    La Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a validé, le 8 avril 2021, l'obligation d'administrer aux enfants des vaccins contre la diphtérie, le tétanos, la coqueluche, les infections à Haemophilus influenzae de type b, la poliomyélite, l'hépatite B, la rougeole, les oreillons et la rubéole (Vav?i?ka c. République Tchèque). Mais, contrairement à ce qu'a relevé la Cour européenne le 8 avril,
    - Le choix du vaccin covid-19 est limitatif (versus CEDH §299),
    - Il n'y a pas de consensus général sur l'efficacité des vaccins en question (versus CEDH §300),
    - Les cas graves de réactions aux vaccins covid-19 ne sont pas rares mais 14 fois plus fréquents [2] que dans l'affaire jugée en avril (§301 de la CEDH versus veille de l'ANSM au 29 juillet en France : 17 572 cas graves pour 72 753 000 injections),
    - Les contre-indications ne sont pas appréciées au cas par cas (versus CEDH §301),
    - La sanction est disproportionnée (versus CEDH §§293,307),
    - L'objection de conscience n'est pas reconnue (versus CEDH §§93,292).
    Par ailleurs, la Cour européenne a posé comme cadre juridique d'appréciation l'article 26 alinéa 1er de la convention d'Oviedo concernant les médicaments qui ne sont pas en phase de recherche (CEDH §141).

    Droit européen et international relatif aux vaccins en phase d'essais cliniques.
    Justement, les vaccins disponibles en France sont en phase 3 d'essais cliniques, jusqu'au 27 octobre 2022 pour Moderna et au 2 mai 2023 pour Pfizer : jusqu'à ces dates, il s'agit de médicaments expérimentaux [3] utilisés dans un essai clinique [4], « study type : interventional (Clinical Trial) » [5], quel que soit le nombre de vaccins administrés.

    L'Agence européenne du médicament n'a en conséquence délivré qu'une autorisation de mise sur le marché (AMM) conditionnelle [6].

    Or, tant la convention d'Oviedo (art. 26 al. 2) que l'Union européenne imposent un consentement libre et éclairé pour tout médicament en phase d'essai clinique [7] [8].

    L'obligation vaccinale apparaît donc « illégale » et pourrait être écartée par un juge. Précisons que, si la Cour européenne a rejeté le 24 août 2021 la requête des pompiers, elle a seulement refusé de se prononcer en urgence sans se prononcer sur le fond (CEDH n°41950/21)."

    Lorsqu'on met en place des comportements (pouvant aussi être dangereux) pour se rassurer sur la sensation d'un danger imminent alors que la probabilité de ce danger reste peu significative par rapport à l'ensemble de la population et qu'on développe une pensée dichotomique en jugeant autrui, n'ayant pas le même mode de pensées, cela représente un motif de consultation.

    A bon entendeur.

    Une simple d'esprit.

    Patou compri mercredi 17 novembre 2021 07:55
  • Cher(e)s concityen(-nes) simples d'esprit,
    Heureux sommes nous de l'être,
    Heureux sommes nous de reconnaître notre (in)conscience,
    Heureux sommes nous de nous reconnaître cette qualité qui nous fait croire qu'il existe encore le droit d'avoir une éthique propre, ni pire ni meilleure que les autres, mais à laquelle nous attachons nous aussi des valeurs fortes de solidarité dont certains semblent nous penser dépourvus,
    Heureux serons nous fiers d'avoir été aussi mal (con)formés,
    Heureux sommes nous de faire partie des 10 % qui ont osé penser et agir autrement, avec recul et bienveillance pour nos générations actuelles et futures,
    Heureux les simples d'esprit.
    L'In Conscient

    L'In Conscient dimanche 19 décembre 2021 21:07
  • Merci à tous les 4 pour vos commentaires.
    Je partage :)
    L'auteur du billet serait bien inspiré de s'appliquer ses propres conseils : améliorer sa formation scientifique, pour trouver et interpréter articles et études montrant la vacuité des arguments politico-médiatiques sur ces injections de thérapie génique qu'on nous vend désespérement pour des vaccins.
    Le site eurofordoct permet par ailleurs de lever le doute sur les liens d'intérêt des intervenants médicaux des plateaux, avec l'industrie pharmaceutique.
    Sans surprise, hélas...

    L'affreux Jojo samedi 1er janvier 2022 03:02

Ajouter un commentaire à l'article





« Retour