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Travail social : lettre ouverte à mes collègues qui quittent le métier

08/10/24
Travail social : lettre ouverte à mes collègues qui quittent le métier

Que ce soit parce que la réalité du terrain n’est pas à la hauteur des attentes, ou encore parce que les années ont fait leur travail de sape, ou tout simplement car l’envie de découvrir d’autres horizons pointe le bout de son nez… Nombreux sont les collègues qui quittent le métier. Et je comprends. J’ai fait aussi plusieurs pas de côté et autres pirouettes.

Travailleur social un jour, travailleur social toujours ?

Et bien non. Pas forcément. Ou alors oui. En fait, on s’en fiche… De nos jours, les carrières ne sont plus linéaires, comme elles pouvaient l’être il y a 20, 30 ou 40 ans. Peu de personnes fêtent leur dernier jour de travail là où elles ont signé leur premier contrat. Changer d’employeur, bouger, changer de secteur, de fonction, tout ça est bien normal à l’heure actuelle. Tout comme rester au même endroit, y évoluer ou pas, changer de fonction ou garder la même.

Le principal : aimer ce qu’on fait

Le principal, dans le fond, c’est de continuer à entretenir sa petite flamme intérieure, celle qui nous donne envie le matin de nous lever pour aller travailler. Aimer ce qu’on fait, la manière dont on le fait, l’endroit où on le fait, les personnes avec lesquelles on le fait. Bien entendu, rien n’est jamais parfait, mais en mettant les choses dans la balance, que cette dernière penche largement du côté positif. Sinon, à quoi bon ?

Quitter pour revivre

Aucun boulot ne mérite qu’on meure pour lui. Et se lever chaque jour avec des pieds de plomb, c’est mourir à petit feu. Que ceux qui ont déjà fait un burn-out lèvent la main… Ils savent de quoi je parle ! La décision de quitter, que ce soit un métier, un secteur, un employeur, une équipe… bref, cette décision est éminemment personnelle et ne devrait même pas faire sujet. Ni de jugement, ni de questions déplacées.

L’idée n’est pas d’entrer dans une compétition malsaine de « Qui durera le plus longtemps » teintée de propos à la « On sait ce qu’on choisit, le social n’est pas facile, faut pas venir pleurnicher ». Fuyez ces conversations, à part vous pomper (encore) plus d’énergie, elles ne vous apporteront rien. Si quitter signifie revivre, vous avez tout bon

Quand la réalité de terrain déçoit

On ne va pas se mentir, la réalité de terrain peut décevoir, et pas qu’un peu, surtout en comparaison avec les études, où tous les possibles semblent s’ouvrir à nous. L’atterrissage peut être rude et l’acclimatation difficile. Certains peuvent avoir la sensation de perdre leur enthousiasme, leur motivation, leur volonté, leur énergie, et que rien de cela ne revienne, malgré plusieurs tentatives et différents boulots. Plutôt que de s’obstiner dans une voie qui n’épanouit pas, pourquoi ne pas changer, faire un pas de côté ou une pirouette ? Qui ne tente rien…

Quand les années érodent

À d’autres moments, ce sont les années qui opèrent un lent mais réel travail de sape. On y croyait dur comme fer lorsqu’on a commencé, plein de motivation et d’envie d’aider. Puis, petit à petit, entre les conditions de travail, les moyens, les politiques, les ambiances, les errements managériaux, les conditions de vie des population, les attentes parfois irréalistes, l’impression de servir de défouloir… on craque. Lentement, mais surement, on s’érode.

Là aussi, pour rester vivant, on fait un pas de côté. Parfois, on va s’épanouir dans une autre fonction en lien avec le social, mais plus sur le terrain et parfois, ce sera un changement total. Et c’est ok. Tout comme le fait de continuer à kiffer son travail de terrain, même 40 ans après le premier jour. Aujourd’hui, travailler n’est plus seulement synonyme de gagner sa vie. Travailler doit aussi procurer épanouissement personnel, évolution, satisfactions. Et c’est très bien ! On y passe tellement de temps, au travail. 14.040 jours à temps plein, soit 45 années de 312 jours pour être exacte. Alors autant kiffer…

MF - travailleuse sociale

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