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Mes plus belles expériences professionnelles : entre défis, humilité et leçons de vie

27/06/24
Mes plus belles expériences professionnelles : entre défis, humilité et leçons de vie

De temps en temps, j’aime bien m’offrir un "moment rétroviseur" : prendre le temps de m’arrêter, de regarder en arrière, de voir le chemin parcouru, mais aussi de revivre les bons moments, de prendre conscience des défis relevés. Ça m’aide à recharger mes batteries, ça me met du baume au cœur, ça entretient ma motivation et ça me montre la lumière dans les jours gris. Petit moment rétroviseur sur deux de mes plus belles expériences professionnelles.

Stage madrilène, entre ténacité et humilité

Je repense à ce stage effectué à Madrid, alors que le programme Erasmus en était encore à ses balbutiements. L’encadrement était pour ainsi dire inexistant, les partenariats très peu développés, bref, c’était la débrouille. Me voilà donc, jeune étudiante éducatrice spécialisée de 2e année, livrée à moi-même dans un pays dont je ne parlais quasiment pas la langue, et aux prises avec une école qui avait décidé de reléguer ses stagiaires étrangers dans des crèches et des ludothèques.

Après avoir compris qu’il n’y avait aucune aide à espérer de mon école belge, et bien décidée à tirer profit de cette expérience, je me retrouve à me battre bec et ongle pour effectuer un stage qui m’intéresse, que j’aurai choisi et qui entre dans le cadre de ma formation.

Ce fut ardu, surtout avec mon niveau d’espagnol, mais je ne l’ai pas regretté, car j’ai vécu plusieurs mois incroyables, au sein d’une ASBL accompagnant des personnes sans domicile, en centre de jour et en travail de rue. Techniquement et professionnellement, j’ai appris énormément en peu de temps, vécu une cohésion d’équipe du tonnerre, baigné dans une bienveillance rare, traversé des expériences folles, plongé au cœur du système social espagnol, vu l’envers du décor de jour et de nuit.

J’ai travaillé avec des professionnels formidables qui abordaient leur métier d’une manière tout à fait novatrice pour l’époque et avides de partager leurs savoirs. J’y ai côtoyé des personnes complexes et riches qui m’ont enseigné l’humilité, le fait qu’un rien peut tout faire basculer et que le lâcher prise est une vertu essentielle au travailleur social. Une merveilleuse expérience qui m’a aussi enseigné quelques jolis mots fleuris en espagnol…

Premier boulot, l’expérience d’une direction magistrale

Mon premier boulot en est une autre. Fraîchement engagée dans un centre d’accueil pour demandeurs d’asile, je rencontre celle qui restera, encore à ce jour, la meilleure directrice que j’ai connue. Capable de se remettre en question, d’admettre ses erreurs, de demander pardon, de prendre en compte les remarques de son équipe, à l’écoute de chacun, disponible tout en étant cadrante et structurante.

Cette dame avait suffisamment de réelle confiance en elle pour faire preuve de vulnérabilité. Elle cherchait à créer les conditions idéales pour que son équipe permette à la structure d’évoluer, le tout en relevant le défi de gérer une équipe dysfonctionnelle, de laquelle elle avait fait partie et qui adulait son prédécesseur. Grâce à cette expérience, j’ai aussi appris à faire un pas de côté, à analyser les enjeux, les stratégies, les mécaniques à l’œuvre au sein d’une équipe, d’une structure, les flux et reflux.

À l’époque, je n’ai pas mesuré ma chance, ce n’est qu’après, au fil des expériences, que je me suis rendu compte qu’elle avait réussi le tour de force de cumuler ces aptitudes trop rares. J’ai appris, rétrospectivement, l’importance d’un management adéquat, de personnes compétentes à ces postes clé.

Avec le temps, je mesure que la compétence d’une direction tient, certes, dans une certaine mesure, à la formation, mais pas uniquement. Beaucoup de qualités humaines, d’aptitudes enseignées par la vie entrent en compte. Avoir suffisamment d’assise, d’ancrage personnel pour ne pas craindre d’être bousculé par son équipe, avoir suffisamment de confiance en soi pour ne pas chercher le pouvoir sur l’autre, être capable de remise en question pertinente sans doutes permanents, avoir aussi cette aptitude à la solitude, cette recherche de cohésion au sein de son équipe… Tout cela est essentiel et ne s’enseigne pas nécessairement.

Myriam Fraoua

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