Chronique d’un psy : « Rififi à la Compsy »
À nouveau pointée du doigt, cette fois-ci pour des « dysfonctionnements internes », T. Persons s’est ému du sort de la Commission des psychologues, qu’il a décidé de défendre coûte que coûte.
Que peut-on faire en 2022 avec 95 euros ? Une question anodine à laquelle le journal De Morgen a tenté de répondre cette semaine en s’attaquant vaillamment à la Commission des Psychologues. Retour sur les faits : le quotidien néerlandophone a indiqué qu’en plus d’être rémunéré 15.000 euros brut, tout en s’octroyant 2.000 euros de frais mensuels non justifiés, - comme le reste de son salaire -, l’ancienne directrice de la Compsy ainsi que sa présidente, ont usé de leur savoir-faire pour bidouiller des dédommagements concernant des réunions inexistantes et également créer une société fictive. Bref, de la fraude ! De celle qu’on aime, de celle qui est grosse comme un camion volé, qui dégouline comme une glace sous un soleil d’été, qui cogne à la tête comme une chanson de Lara Fabian.
A priori, que celui ou celle qui n’a jamais fraudé me jette le premier jeton de présence. Clairement, on peut s’interroger sur les montants dérobés, mais concrètement, on ne peut que saluer le geste, l’audace, le doigté et la délicatesse de la prestidigitation. À défaut de faire son job, la Commission des Psychologues nous a bien diverti ! Alors je vois déjà les plus honnêtes d’entre vous tressaillir. Non, mais réveillez-vous ! Ça s’indigne parce que notre organe déontologique est aussi intègre que l’eau du canal Albert est potable, mais en même temps, faut bien le défendre son travail, non ? On a les dirigeants qu’on mérite ! Et puis qu’on ne nous dise pas que les psychologues sont mal payés… 15.000 euros brut ! Il suffit juste d’emboiter le pas, les gars !
– Lire aussi : La Commission des psychologues au cœur de la tourmente
Des faits de harcèlement
Bien évidemment, là où ça me chiffonne, c’est lorsque la journaliste du Morgen évoque des faits de harcèlement. En effet, certains des employés de la Compsy ont questionné les agissements douteux, se disant que derrière la magie, il y a souvent un petit filou qui triche. Mal leur en a pris, vu que nos esthètes se sont mis à mettre une relative pression pour éviter que ne soient révélés les dessous du tour de passe-passe.
Non pas de celle qui consiste à sommer les psychologues qui ne sont pas inscrits sur les registres de la Commission, de le faire rapidement au risque d’être poursuivis pour port du titre illégal de psychologue, mais quelque chose de bien plus fâcheux : des menaces de licenciement, des remarques déplacées, des injures ou des commentaires déplaisants sur le physique des personnes concernées. L’avantage avec les menaces, c’est que c’est difficile à prouver… Si c’est pas malin, ça ? Alors oui, au niveau des pratiques, on est un peu déçu. Quitte à utiliser les codes de la mafia pour détourner des fonds, on aurait pu s’attendre à ce qu’il y ait au moins des rotules pétées à coups de tuyau en plomb. Au lieu de ça, il y a juste un rapport accablant d’Attentia qui, tardant à donner ses conclusions, a mené à une autre conséquence : sur dix employés, cinq ont remis leur démission.
Certes, la directrice a été démise de ses fonctions et l’on a changé de présidence… Comme le suggère la Commission des Psychologues dans son mail à ses membres, elle va mettre en œuvre des mesures correctives, en toute opacité, bien évidemment. On ne change pas des pratiques quand on peut avoir le luxe de laver son linge sale en famille. Bref, le passé, c’est le passé : par ici la monnaie ! Du coup, j’ai une idée pour restaurer l’intégrité de la Commission : plus qu’un communiqué de presse placide, on veut des excuses, et puis, surtout, rendez l’argent !
En conclusion, je ne sais toujours pas quoi faire en 2022 avec 95 euros, mais ce qui est certain c’est qu’avec la loi de 2016 sur la réglementation de l’exercice de la psychologie clinique, je ne suis plus obligé de les donner à la Commission des Psychologues. Et ça, c’est déjà un sacré soulagement.
T. Persons
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