Obligation vaccinale des soignants : on n’attrape pas les mouches avec du vinaigre…

Loin de moi l’idée de remettre de l’huile sur le feu d’un sujet qui fait déjà polémique depuis un an et demi, quel que soit l’angle sous lequel il est abordé. Mais menacer de licenciement des personnes complètement à bout de souffle, travaillant dans des métiers en pénurie, alors que des services entiers ferment déjà faute de personnel en suffisance ? Sérieusement ?
Que je récapitule. Pour protéger des personnes exerçant une fonction essentielle à la protection de la population, on leur envoie un ultimatum, en l’occurrence une obligation vaccinale, faute de quoi elles pourraient perdre leur travail. Dans un secteur déjà en grave pénurie, où des hôpitaux doivent fermer des services faute de personnel en suffisance. Si je ne m’abuse, ça s’appelle vouloir attraper des mouches avec du vinaigre. Et ça n’a jamais fonctionné …
La méthode musclée
Effectivement, il existe déjà une obligation vaccinale pour travailler dans le secteur des soins de santé, notamment avec le vaccin contre l’hépatite. Mais nous parlons d’un vaccin éprouvé et qui fait beaucoup moins peur que celui contre le covid. Parce que oui, tant la maladie que le vaccin font peur, s’agissant de ce virus, il faut pouvoir l’admettre, que l’on soit ou non d’accord avec ces peurs et leurs fondements.
Un camouflet de plus
Toujours est-il qu’en termes de stratégie, on a vu mieux. À l’heure où le personnel soignant est en nombre insuffisant, enchaîne les heures supplémentaires qui ne seront jamais récupérées (et qui donc seront, au mieux, payées à leur juste barème pour être surtaxées ensuite, au pire, payées à un barème bien inférieur), est tenu d’aller travailler malade et j’en passe ; nos gouvernants leur adressent un ultime camouflet en la présence de cette loi.
Une habitude de les traiter comme des moins que rien
Il faut dire que l’habitude de traiter ceux qui prennent soin de nous comme des moins que rien, du moins le « petit personnel », est bien ancrée. Le système de santé est sous-financé, les professions d’infirmier, d’aide-soignant, d’ambulancier, etc. sont peu attractives et la motivation du début s’essouffle rapidement devant l’ampleur de la tâche, l’ingratitude du métier, la pénibilité des conditions de travail et le peu de reconnaissance en retour.
Mettre à terre des gens déjà à genoux
Mais là, il me semble qu’on atteint des sommets. Après avoir, à grands renforts d’effets de manche, flanqué une gifle magistrale à toute une profession en leur octroyant une prime qui s’est avérée amputée de près des 2/3 une fois les taxes et impôts divers prélevés et ce, au lieu de refinancer tout un secteur qui le réclame depuis des années et encore plus depuis le début de cette crise sanitaire, voilà le coup de pied qui met à terre ces gens déjà à genoux.
Quelle considération pour ceux qui prennent soin de nous ?
La question de cette chronique n’est pas consacrée à l’utilité de ce vaccin, ou encore à sa dangerosité, mais bien à la manière dont nos gouvernants considèrent ceux qui prennent soin de la population du pays qu’ils sont censés gérer et donc, par là même, la considération que nos gouvernants ont pour nous, qui leur permettons de vivre et de régner. Quand on y réfléchit, ça fait froid dans le dos…
Où se situe le dysfonctionnement ?
Dans le même ordre d’idées, une autre réflexion me vient : à partir du moment où, pour un pays de 12 millions d’habitants, on considère que le seuil critique est atteint lorsque 800 lits de soins intensifs sont occupés (sur les 2000 dont dispose le pays), n’est-ce pas plus révélateur d’un énorme dysfonctionnement en termes de financement du secteur de la santé que d’une irresponsabilité collective, surtout dans le chef de notre personnel soignant ?
MF – travailleuse sociale
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