Chronique d’un psy : « Les psy sont-ils sujets au burnout ? »
Il n’y a pas de plus beau métier au monde que celui de psychologue, vous diront les psy. Pourtant, quand on gratte, il n’est pas rare d’en croiser au bord de l’épuisement professionnel. T. Persons nous évoque sans concession les contours d’un tabou qu’il est difficile d’évoquer clairement : peut-on s’épuiser quand on est psy ?
Cette semaine, j’ai lu que les médecins étaient fortement sujets à un épuisement professionnel. Sans blague, me suis-je dit. En voilà un métier où, soit on est martyrisé par un système de soin qui vous presse comme une berline allemande bloquée contre l’arrière de votre pare-chocs sur la bande de gauche d’une autoroute, soit on est mû par une obligation de perfection à chaque instant, induite certainement par la pression de travailler avec la santé des gens, le genre de contrariété que l’on a moins lorsque l’on fabrique des pneus ou du tiramisu.
Vous me direz, c’est rarement la perfection qui transpire dans le dos des psychologues, tant on est tributaire d’outils qui ne s’administrent généralement pas en suppositoire. Bien évidemment, beaucoup de psychologues sont malmenés par un cadre de travail dans une institution où l’épanouissement se délivre en dose homéopathique entre deux mandales de culpabilité et de honte dans la figure. Mais, en dehors de ça, je me suis demandé, au fond, qu’est-ce qui pousse les psy au burnout ?
Avant tout, on pourrait déjà se demander si les psy sont réellement sujets au burnout ou si ce sont juste de grosses feignasses ? Bien évidemment, j’ai avant tout fait preuve du dévouement qui m’est propre pour lancer une petite investigation sur mon moteur de recherche préféré, ce qui est, je vous l’accorde, l’équivalent dans la démarche scientifique, de mesurer la force du vent avec son index après avoir humidifié son doigt avec sa bouche. Il en ressort donc que les métiers de la relation d’aide sont forts sujets à l’épuisement. Il faut dire, nous non plus, on ne travaille pas avec des pneus ni du tiramisu…
Aider, cela demande une énergie folle
À bien y réfléchir, il est vrai que lorsqu’un job a du sens, - et souvent être psychologue, ça en a - , on a tendance à l’investir. Du coup, ça devient un automatisme d’aider l’autre, être à son service, écouter activement. Le problème, c’est que c’est un comportement contre-intuitif. Dans la nature, si Monsieur le canard veut se plaindre à ses potes de la manière dont une canne s’est comportée avec lui, il aura beau cancaner, ses acolytes lui jetteront à peine un regard propre aux anatidés, tout en continuant à becter leur poisson en pensant : « Mec, la nourriture, c’est sacré ».
Bref, aider, cela demande une énergie folle et lorsque l’on investit son métier de manière intense, souvent soit on se désengage du reste, qui généralement est précieux pour le maintien d’une santé mentale potable, soit on a la fâcheuse tendance à se comporter dans sa vie privée comme dans sa sphère professionnelle ce qui ouvre la porte à toutes les dérives, surtout si votre entourage est aussi équilibré que la chevelure de Tina Turner en 1985.
En conclusion, les métiers de la relation d’aide sont sujets au burnout. Certes, c’est peut-être dû au fait que le secteur du non-marchand est souvent géré par des personnes qui vous feraient rentrer Carlos dans un jeans taille 36, mais en dehors de ça, aider, écouter, être empathique, ça use. Donc, ami·es psychologues, de temps à autres, pensez à T. Persons et à son conseil amical : soyez des canards ! Pensez à vous ! Regardez les gens avec un regard vitreux et surtout… Mangez ! Parce que la bouffe, c’est sacré.
T. Persons
T. Persons
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