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Chronique d'un psy : "Encadrer un stagiaire"

04/04/24
Chronique d'un psy :

Être psychologue clinicien, c’est également parfois passer le relais à de futur·e·s collègues. T. Persons s’en amuse un instant  : comment rendre l’expérience du stage la plus agréable possible  ? Suivez le guide  !

Déjà qu’on ne nous apprend pas vraiment à être psy durant nos études, alors imaginez-vous bien que la notion d’encadrement de stagiaire est à notre profession ce que l’emphase est à Françoise Hardy.

Certes, il existe des formations qui fleurissent depuis que le spectre du stage professionnel hante les étudiants de dernière année de master. Néanmoins, tout comme l’on n’est pas psy comme l’on est superviseur, il y a peut-être quelque chose de similaire lorsque l’on doit évoquer les psychologues cliniciens qui encadrent des stagiaires.

"J’ai appris à faire du café et à me plaindre"

Pour être transparent, jadis, à l’époque où Ricky Martin comptait jusqu’à trois en espagnol sans que personne n’ait de doute sur sa sexualité, votre serviteur entamait ses stages pour devenir psychologue clinicien. Deux stages, deux ambiances. Les plus romantiques diront qu’on n’oublie jamais le premier…

J’ai eu la chance de tomber sur une personne qui a pris le temps de me former, de m’aiguiller, de me faire profiter de son expérience, de me faire observer ses entretiens. Il y avait des supervisions, un vrai travail de fond, une confiance. Ensuite, pour mon second stage, j’ai pris en pleine figure un coup de poing de la réalité institutionnelle qui use les psy. J’ai appris à faire du café et à me plaindre.

Donc, je me suis demandé, comment en arrive-t-on à devenir maitre de stage  ? J’imagine qu’il s’agit d’une volonté de rendre la pareille, d’une vocation, peut-être  ? On ne rend pas assez hommage à celles et ceux qui, à longueur d’années, forment des nouveaux psy, c’est certain.

Puis, il y a les autres. Ceux qui déforment. Ceux qui sont peut-être de bon psy, mais qui, en termes d’encadrement, sont aussi pertinents qu’une poignée sur une porte automatique. En effet, certaines institutions poussent à l’encadrement de stagiaires sans que le maitre de stage n’ait son mot à dire. C’est fâcheux pour tout le monde.

Bref, si vous êtes psy et que vous voudriez devenir maitre de stage, vous êtes en droit de vous demander, mais finalement, qu’est-ce qu’il faut pour le devenir  ? J’imagine qu’il faut du temps, ne pas être débordé par sa pratique afin d’offrir un espace et de la disponibilité.

On manque cruellement de maitre de stage

Une envie également, celle de transmettre, d’apprendre. Puis, des qualités pédagogiques  : pour certains, il s’agit d’une première expérience dans le monde du travail. Pour une part des stagiaires, c’est un choc. Pour d’autres maîtres de stage, c’est l’effroi d’être confronté à une différence générationnelle qui nous rend un chouia has-been. Quoi d’autre  ? Un encadrement institutionnel qui est – a minima – pensé pour la personne à former. Enfin, peut-être beaucoup de patience, une capacité à offrir à l’autre toute sa clinique, aussi imparfaite soit-elle.

En conclusion, j’ai le sentiment qu’il n’y a pas de plus noble aspect de notre profession que celle du formateur. À l’heure actuelle, on en manque cruellement, alors si l’envie vous prend de vous mettre à former et que l’idée de vous confronter à une ou un jeune adulte ne vous donne pas l’envie de vous refaire les tempes au zesteur de fruits, foncez  ! Formez-vous  !

T. Persons

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