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Chronique d’un psy : "À propos du stage professionnel"

09/02/24
Chronique d'un psy :

Il est sur la bouche de tous les étudiants de master 2 en psychologie clinique qui ont décidé de manifester ce vendredi 9 février 2024, il plane comme une ombre sur leur droit à exercer la psychologie clinique, T. Persons nous parle bien évidemment du stage professionnel qui n’a, cette année, pas – encore – été reporté.

Qu’il est doux de se remémorer ses années d’études, d’insouciance, cette rentrée magique et anxiogène dans le monde du travail, les premières confrontations à la folie lors des stages et enfin, la désillusion de comprendre qu’à l’époque où je terminais mes études, il y avait autant de jobs pour les psychologues que de cheveux sur la tête de Mr Propre. Depuis, les années ont passé, il y a de plus en plus de places pour les futurs psy. Tout va bien, finalement, jusqu’à ce que ça n’aille plus, avec le spectre de la loi de 2015 évoquant le stage professionnel.

Parce qu’il faut se le dire, ce stage professionnel, il ne sort pas de nulle part. 2015, les amis. Cela fait 9 ans que l’on en parle, qu’on le reporte, qu’on l’évite comme une ex que l’on ne veut pas croiser à une soirée parce qu’on n’a pas envie qu’elle vous colle et vous demande comment va la vie tout en jugeant votre corps flétri par le poids des années.

Il faut dire, ce stage professionnel, c’est un peu comme les effets du changement climatique. On savait bien qu’un jour, ça allait tomber, on ne savait pas très bien sur quelle génération, mais on a préféré fermer les yeux. Toutes mes excuses à la promotion des master en psychologie clinique de 2024, il semblerait que ce soit pour votre pomme.

Si l’on doit résumer la problématique, il faudrait, pour exercer légalement la psychologie clinique en Belgique, effectuer un stage professionnel d’un an. Sur papier, ça a de la gueule. Vraiment. Cela fait des années qu’on se dit qu’en théorie, c’est beau comme un bébé poupon qui vient de becter. Le problème, c’est l’implémentation. Pas de lieux de stage, pas de rémunération des stagiaires, pas de maitre de stage.

84 maitres de stage agréés et environ 1873 futurs diplômés

Du coup, chaque année, à l’arrivée de la proclamation d’une nouvelle brochette de psy, on se dit que cela ne va pas le faire, qu’on va reporter. Sauf que cette année, entre Noël et Nouvel an, notre Ministre de la Santé s’est dit : en fait, pourquoi pas ? Pour illustrer mes propos, plus que des chiffres, il faut imaginer que trouver un stage en 2024 sera aussi aisé que de tomber sur des pâtes dans un supermarché en mars 2020. J’irai même plus loin : c’est un peu comme si on mettait 1873 consommateurs paniqués à l’idée de ne plus manger, en file, à l’entrée d’un magasin et que l’on cachait dans le supermarché 84 paquets de pâtes. Battez-vous ! Vous lisez bien, à l’heure actuelle, il y a 84 maitres de stage agréés et environ 1873 futurs diplômés.

En conclusion, c’est la panique à bord. Le SPF Santé ne semble plus vouloir rétropédaler. Il s’avèrerait donc bien que cela soit pour cette année, coûte que coûte. En réaction, les étudiants, qui n’imaginaient visiblement pas ce qui leur pendait au nez, alors que c’était aussi prévisible qu’un orage en été en Belgique, ont décidé de se mobiliser pour manifester devant le cabinet du Ministre. Leur revendication légitime ? Le report du stage… Les promotions de 2025 et 2026 apprécieront, mais finalement, tant que c’est pas sur notre gueule que ça tombe, est-ce que cela nous concerne encore ?

T. Persons

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