Comment fermer la porte du boulot une fois rentré chez soi ?
Notre chroniqueuse "MF" prévient d’entrée de jeu : "je n’ai pas de recette miracle et je n’ai moi-même pas trouvé LA réponse à cette question. Juste quelques pistes, idées, pratiques, réflexions, expériences… glanées ici et là et testées tout au long de ma carrière. Petit tour d’horizon."
Certains ferment beaucoup plus facilement la porte du boulot que d’autres. Ça, c’est une question de caractère, de sensibilité, de capacité à cloisonner, à faire abstraction, ça dépend beaucoup de notre personnalité. Évidemment, il est possible d’acquérir et de développer cette capacité, mais comme tout ce qui n’est pas inné, ça va demander plus ou moins d’efforts et de travail : sur soi, sur son environnement, etc.
Y penser, oui, mais pas trop
Notre travail occupe la majeure partie de notre temps, il est donc normal d’y penser même quand on n’y est pas. Là où ça devient problématique, c’est lorsque les pensées s’accumulent, que la rumination s’installe, que le travail en vient à occuper trop d’espace mental. À nouveau, c’est une notion toute personnelle : certains d’entre nous pensent et vivent par et pour leur travail, sont ultra investis et ça leur convient parfaitement. Ça devient un problème lorsqu’on le considère comme tel ou lorsque ça a un impact que nous percevons comme négatif dans les autres aspects de notre vie.
Se déconnecter
Fermer la porte du boulot, très concrètement, ça veut dire se déconnecter. Poser ses limites. Couper son téléphone professionnel, éviter de lire ses mails, zapper les notifications des groupes de discussion, etc. lorsque la journée est terminée.
Personnellement, j’ai toujours refusé d’avoir accès à mes mails professionnels ailleurs que sur mon lieu de travail ou via les outils mis à disposition par mes employeurs. Evidemment, lorsqu’on a un poste à responsabilités, il est plus difficile de se rendre indisponible, surtout si la responsabilité concerne une équipe. Dans ce cas, il me semble utile et indispensable de préciser les modalités de contact en dehors des heures de travail et de limiter ces dernières aux urgences.
Avoir une vie épanouissante en dehors du boulot
Fermer la porte du boulot c’est aussi ouvrir en grand celle de la vie personnelle. Vie de famille ou encore activités diverses, l’idée étant d’avoir une vie en dehors du travail. Fréquenter d’autres personnes que des collègues, faire du sport, pratiquer un loisir…
Nourrir d’autres aspects de soi que le seul aspect professionnel, afin que, quelle que soit la situation vécue au travail, elle ne soit pas la seule, ni la plus importante. Se plonger dans des projets personnels : voyages, hobbys, passions, afin d’avoir rendez-vous avec une autre réalité réjouissante et épanouissante en rentrant à la maison.
Offrir un espace-temps à ses pensées
Parfois, pour fermer la porte du boulot, il est paradoxalement utile de s’autoriser à y penser à des moments bien précis. Une manière de clôturer la journée. Pour ce faire, pourquoi pas utiliser le temps de trajet. Personnellement, après avoir bien décompressé en musique, j’ai pour habitude de passer ma journée en revue mentalement, de lister ce qui me turlupine, voire parfois de prendre des notes. Noter ce qui nous questionne permet souvent d’y voir plus clair, de faire des liens insoupçonnés et de libérer son esprit de manière quasi magique. En faisant ça, je n’essaye pas de mettre un couvercle sur mes pensées, de divertir mon esprit, au contraire, je leur offre une place, un temps, afin qu’elles s’expriment, puis que je puisse passer à autre chose. Et ça fonctionne !
Paradoxalement : raconter sa journée
Dans le même ordre d’idée, fermer la porte du boulot, ça peut aussi passer par le fait de raconter sa journée : à son partenaire, son colocataire, un ami, etc. A nouveau, l’idée est d’offrir un espace-temps à ses pensées afin d’éviter qu’elles reviennent en boucle au moindre moment de calme. Raconter permet aussi de recevoir idées, avis, conseils, regard neuf. Le tout étant de se fixer un temps, que la « papote boulot » n’occupe pas toute la soirée.
Et quand le boulot est intense
Certains boulots sont beaucoup plus prenants que d’autres, ont une charge émotionnelle plus intense, nous mettent à rude épreuve. C’est ainsi, ça fait partie de la réalité du travail avec l’humain. Je crois qu’on ne ferme jamais complètement la porte à ce genre de travail, car ce genre de travail agit sur nous, sur notre humanité, nous aide à grandir. Le tout est dans la mesure, dans ce qu’on met en place pour être touché, atteint, transformé, sans être dévoré. Comme pour tout, c’est une question de nuance, d’essais, d’expérience.
MF - travailleuse sociale
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