Les formidables ressources des travailleurs sociaux

On n’en parle pas souvent, et c’est bien dommage. Travailler dans le social, c’est, certes, être un professionnel formé et outillé, et c’est déjà pas mal, mais c’est aussi, et surtout, à mesure que les années d’expérience s’accumulent, développer une multitude de compétences et de ressources insoupçonnées et précieuses.
Je ne vais pas parler ici d’empathie, de capacité d’écoute, de techniques de conduite d’entretien, de capacité d’organisation ou encore de gestion du stress et de l’agressivité, parce que ça, ça fait un peu partie du package de base. À des niveaux différents selon les personnes, mais on connaît et on s’attend à en entendre parler. Je vais plutôt vous parler justement de ces ressources que l’on a, mais que l’on ignore bien souvent.
La créativité
Quand on parle de créativité, on pense souvent à cette forme plus artistique qui se dévoile lors d’ateliers ou d’activités. Et là, certains diront qu’ils ne sont pas créatifs. Sauf que … Travailler avec des êtres humains fragilisés nous fait forcément développer une certaine forme de créativité. Ne fut-ce que parce qu’il faut trouver des moyens d’aller rejoindre ces personnes là où elles sont. Aussi bien dans leur maîtrise du langage, dans leur compréhension du monde que dans leur (mé)connaissance des problématiques vécues. Et c’est bien souvent un travail intense, qui repousse nos limites et nous force à nous réinventer en permanence ! Donc faire un travail qui consiste à 90% en suivis individuels nécessite aussi une bonne dose de créativité.
La capacité d’adaptation
Celle qui nous fait réagir en un quart de tour quand une personne s’effondre en larmes devant nous ou qu’une activité dégénère complètement, ou encore quand un projet prend une toute autre tournure que celle prévue … Celle qui nous fait réinventer notre travail quotidien en permanence, car la réalité de la vie évolue à 200 km / heure. Celle qui nous permet de changer d’emploi sans perdre le nord, ou encore de passer du collectif à l’individuel en une même journée.
L’humilité
Travailler avec des êtres humains fragilisés, c’est apprendre que rien n’est acquis et que demain on peut très bien se retrouver à leur place. C’est aussi apprendre qu’on n’apprend pas tout à l’école, loin de là, qu’il y a les théories et la vraie vie, que les experts de leurs situations, ce sont les personnes qui les vivent et que nous ne sommes là que pour les accompagner, modestement, sur une partie de leur chemin et que non, nous ne savons pas.
La résilience
J’avais dit que je ne tomberai pas dans les évidences … Mais je trouve qu’on n’en parle pas assez. La résilience est une ressource énorme chez les travailleurs sociaux. C’est cette petite voix qui nous dit « Je réessaierai demain » après avoir passé une journée au mieux chaotique. C’est cette capacité à croire que le meilleur reste à venir. Et si c’est aussi fort qu’un chêne, c’est également aussi fragile qu’une aile de papillon.
Le courage
On ne va pas se mentir, il en faut pour rester dans le social, pour ne pas s’épuiser, pour croire que le meilleur reste justement à venir et que malgré toutes les dérives sociétales et institutionnelles on peut encore essayer de faire quelque chose de bien autour de nous. Le courage ce n’est pas toujours de partir en guerre, c’est aussi oser pousser la porte de son bureau après y avoir vécu une agression et sans avoir reçu de soutien psychologique.
Je vous rassure, on est très loin d’avoir fait le tour de toutes nos merveilleuses ressources ! D’ailleurs, qu’est-ce qui, selon vous, fait partie de toutes ces ressources insoupçonnées que nous avons, nous, travailleurs sociaux ?
MF - travailleuse sociale
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