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Chronique d’un psy : "Les psy sont-ils obsolètes ?"

25/04/24
Chronique d'un psy :

Alors que, depuis quelques mois, fleurissent dans nos vies de nombreuses intelligences artificielles, T. Persons revient sur les propos polémiques d’une responsable de la firme OpenAI qui comparait une session de discussion avec son bot à une séance de thérapie.

On l’évoquait déjà, notre vie va drastiquement changer avec l’arrivée des intelligences artificielles, néanmoins je n’irai pas jusqu’au pas franchi par Lilian Weng, en indiquant avoir eu une «  conversation intime assez émouvante avec ChatGPT à propos de stress et d’équilibre entre le travail et la vie privée  ». Elle rajoutera que cette expérience aura été «  intéressante  », se sentant «  écoutée et réconfortée  ». Rien que ça.

De prime abord, on pourrait être un peu tendu, voire un chouïa anxieux, en se disant qu’on est enfin arrivé au tournant  : on n’a plus besoin des psy. Merci, bonsoir, adieu, n’oubliez pas de nous rendre l’attestation mutuelle signée en partant, vous ne servez plus à rien  ! Certes, vous me direz, être psy, c’est plus qu’être empathique. Pourtant, c’est déjà la moitié du chemin de la thérapie. Un espace sécure où l’on se sent compris, écouté, entendu.

Dans IA, il y a le "A" d’Artificiel

Les plus sceptiques me diront qu’il s’agit là d’une illusion. Dans IA, il y a le A, d’artificiel. Ce n’est pas de la chaleur humaine, c’est quelque chose qui est informatique, une suite de 0 et de 1. Et pourtant, apparemment, ça fait le taf. On ne parle même pas de la technicité de notre métier, du protocole, de l’expertise, des techniques. Autant, moi, j’imaginais qu’un robot puisse être un bon technicien, qu’il puisse administrer des tests, qu’il puisse construire mes plans de traitement, rédiger mes notes et mes rapports. Et pourtant, il semble que l’équation de l’empathie, de la compréhension de l’écoute active, puisse se faire d’une manière adéquate par quelque chose qui n’est pas humain.

Subséquemment, on peut se poser la question suivante  : doit-on flipper notre race à l’idée d’être remplacés par des robots  ? Il y a quelque chose que je refuse peut-être d’admettre là-dedans  : mon métier, je l’aime, j’ai sué pour pouvoir l’exercer et ça me rend tout chose de savoir qu’une machine le fera mieux que moi, sans erreur, sans approximation. Et tout ça, sans devoir galérer pour avoir son visa et son agrément.

Sommes-nous en plein déni, lorsque l’on pense qu’il faut être humain pour établir un lien thérapeutique  ? Je n’ai pas la réponse à la question, alors je me suis tourné vers notre potentiel remplaçant, voilà ce qu’il en dit  : « Votre inquiétude concernant l’automatisation et l’impact potentiel des robots sur votre métier est compréhensible. L’automatisation et l’introduction de robots dans divers domaines professionnels suscitent des préoccupations chez de nombreuses personnes. Cependant, il est essentiel de prendre du recul et d’examiner la situation de manière équilibrée. Il est normal de ressentir des préoccupations face à l’automatisation, mais il est également important de rester ouvert aux opportunités qu’elle peut offrir pour améliorer nos vies et nos métiers. En fin de compte, la technologie devrait être un outil au service de l’humanité, et il appartient à la société de façonner son utilisation de manière à préserver ce qui est essentiel dans nos professions.  »

En conclusion, je dois bien l’avouer, en lisant la réponse du bot, j’ai été surpris de l’effet que ça m’a procuré. Ça m’a calmé et je me suis senti écouté et compris. Mince. Est-ce la promesse d’une efficience et d’une complémentarité dans notre métier ou la promesse d’une future obsolescence  ? L’avenir nous le dira, en attendant, je vous laisse, j’ai supervision avec mon ordinateur.

T. Persons

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