"Amis politiciens, voici mes revendications de travailleuse sociale ! Les entendrez-vous ? "
En 2024, année électorale en Belgique, le Guide Social souhaite être le porte-voix des professionnel.le.s du secteur psycho-médico-social. C’est pourquoi nous relayons chaque semaine les revendications des fédérations et des actrices / acteurs de terrain du non-marchand. Cette semaine, notre chroniqueuse "MF" nous livre ses revendications en tant que travailleuse sociale.
Je suis travailleuse sociale depuis pas loin de 18 ans et j’ai eu l’occasion d’évoluer dans le secteur public, intercommunal, mais aussi dans des petites et grandes associations. Avec le temps, c’est également le recul qui vient, ainsi qu’une certaine envie d’aller à l’essentiel et d’arrêter de perdre mon temps. Pour notre secteur, des revendications, j’en ai … Si elles vous parviennent, j’espère que vous les entendrez.
Lire aussi : Les revendications d’une travailleuse sociale et d’une infirmière
De l’honnêteté, de la vraie
On ne va pas y aller par quatre chemins. Soyez honnêtes. D’accord, votre but, c’est d’être élu, alors vous adoptez les pratiques requises pour y arriver. Sauf que nous, on ne vous croit plus. C’est un peu le souci lorsque de mensonges en tromperies, en usant de vaines paroles, on comble le vide avec de l’air. Vous vous dites tournés vers les populations en souffrance, mais vous n’avez fait que passer de l’assistanat total à l’individualisation de problèmes collectifs. Bas les masques.
Dites ce que vous faites ou faites ce que vous dites
Arrêtez de prétendre que le bien-être, la santé, l’inclusion vous tiennent à cœur, si en même temps vous diminuez ou arrêtez les financements de milliers d’emploi, ou si vous ne prenez aucune mesure pour revaloriser les salaires, offrir de meilleures conditions de travail aux professionnels, ou encore si vous ôtez toute possibilité de création d’emploi à certaines structures. C’est un peu comme avec le greenwashing, c’est pas parce qu’on le dit qu’on le fait.
A bas le politiquement correct
Le danger en étant si mensongers et si « politiquement corrects », c’est que plus personne ne croit à vos discours, quand vos actes sont si peu alignés avec vos mots. La conséquence de ça, c’est de voir les extrêmes prendre de plus en plus de place, et le désintérêt monter en flèche. Alors oui, dire la vérité ne va peut-être pas vous aider à court terme, mais à long terme, nous allons tous y gagner. Tout le monde sait que l’argent public est mal géré. Tout le monde sait que les méandres administratifs sont une catastrophe nationale. Tout le monde sait que la lasagne belge est indigeste.
Dites tout haut ce que tout le monde sait
Dans le secteur social, tout le monde sait que les financements se réduisent à peau de chagrin. Tout le monde sait qu’il est plus facile d’avoir des sous quand on est l’ami d’un ami. Tout le monde sait que les structures « para » et « inter » se taillent la part du lion. Tout le monde sait que vous avez quitté le navire lorsque vous avez décidé de « réformer » les APE. Tout le monde sait que nos cotisations sociales ne servent plus leur objectif premier. Tout le monde sait que les filets de la sécurité sociale sont mangés par les mites. Tout le monde sait que presque tout le monde marche sur la corde raide.
Si vous voulez nous doter d’un système social similaire à celui de la Suisse, des Etats-Unis ou de l’Angleterre, ayez au moins l’honnêteté de le dire. Et d’arrêter de nous faire cracher au bassinet de la sécurité sociale, parce que là, on est assis entre deux chaises qui s’éloignent de plus en plus l’une de l’autre et c’est hautement inconfortable. Comme dirait la sagesse populaire : « On ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre ».
MF - travailleuse sociale
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