La place des femmes dans le travail social

Je suis une femme et voilà maintenant 19 ans que je travaille dans le secteur social. Au fil de ces années, j’ai eu l’occasion à de multiples reprises de m’interroger sur notre place au sein de ce secteur, il faut l’avouer, largement féminin. Ai-je constaté une évolution depuis mes débuts ? Et pourquoi nous, les femmes, sommes-nous si nombreuses à œuvrer dans le social  ?

Lorsque j’ai entamé mes études d’éducatrice spécialisée, il y a tout juste 22 ans, nous étions une écrasante majorité de jeunes filles. Nos condisciples masculins étaient si rares qu’à cette époque où l’emploi l’était encore plus, ils étaient largement courtisés par les employeurs du secteur avant même d’obtenir leur diplôme. Dans certaines filières, par exemple "assistant social", ils étaient totalement absents.

Difficile d’assurer la mixité au sein des équipes...

Durant ma vie professionnelle, j’ai eu l’occasion de travailler dans de nombreux secteurs : accueil des demandeurs d’asile, animation jeunesse, logement, etc. J’ai travaillé en réseau avec de nombreux partenaires et souvent, le constat était le même : il était parfois très compliqué d’assurer une mixité au niveau des travailleurs. Dans certains lieux, cette mixité était même complètement absente, les femmes représentant la totalité de l’équipe de travail.

...même si plus d’hommes embrassent une carrière dans le secteur social

Je ne vais pas m’appesantir sur les détails et statistiques secteur par secteur, mais simplement attirer l’attention sur un point important à mes yeux : même si avec les années, de plus en plus d’hommes embrassent une carrière dans le secteur social, ils restent globalement moins nombreux que les femmes et plus représentés dans certains domaines que dans d’autres, là où les femmes sont présentes à peu près partout.

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Le « care » reste encore la chasse gardée des femmes

À mes yeux, la place des femmes dans le travail social est symptomatique d’une certaine vision sociétale où le soin, le « care », est leur chasse gardée. Si au fil du temps, des avancées sociétales et de l’évolution des mentalités, les portes de domaines plus traditionnellement masculins s’ouvrent aux femmes, l’inverse est moins flagrante. Or, tant que le « care » restera un domaine traditionnellement féminin, il sera plus compliqué pour les femmes d’envisager certains changements et évolutions, plus ou moins profondes, y compris au sein de leur propre famille.

Dangers de l’absence de mixité dans les équipes

Par ailleurs, la mixité, qu’elle soit de genre, mais aussi de formations, de milieux culturels, etc. au sein d’une équipe de travail social est source de tellement de richesses qu’il serait dommage d’en priver tant les membres de cette équipe que les bénéficiaires du service. J’ai vu nombre d’équipes tourner en rond faute de points de vue divergents et de débats sains.

Vers une (lente) évolution des mentalités

Aujourd’hui, la place des femmes dans le travail social est, à mes yeux, encore disproportionnée, à l’image de leur rôle général de « soignante » dans nos représentations sociétales. À l’instar de tant d’autres domaines, les mentalités ne changent pas d’un instant à l’autre, mais au fil du temps, pour autant qu’on mette en œuvre le nécessaire pour aller vers ces changements.

MF - travailleuse sociale

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