Travail social : à la recherche du bonheur
C’est dans l’air du temps : une quête perpétuelle et effrénée du bonheur, générant au passage un beau chiffre d’affaires pour les gourous en tous genres, spécialistes autoproclamés de ce pas si nouveau business plutôt rentable. C’est le propre de l’être humain que de vouloir être heureux, s’épanouir, mener une vie pleine de sens. C’est aussi le propre du travailleur social que de chercher sens, épanouissement et bonheur dans son travail. Après tout, nous l’avons souvent choisi pour cette caractéristique particulière.
On pourrait philosopher des heures et des jours durant sur le bonheur, tant cette notion est importante pour l’être humain. De fait, le bonheur a été débattu maintes et maintes fois depuis des siècles, pour ne pas dire des millénaires.
Livres, pamphlets, émissions télévisées, sites internet, formations, coachings … Le bonheur est un enjeu autant qu’il interpelle. Et lorsqu’on choisit un travail plein de sens, on s’attend à y être heureux. Parfois c’est le cas, parfois non, auquel cas on se sent floué.
Nous ne sommes pas égaux face au bonheur
Et ici et maintenant, que fait-on ? Un fait surprenant est que nous ne sommes pas égaux dans notre capacité à ressentir du bonheur. Les neurosciences nous apprennent que notre génétique et notre histoire interviennent pour environ 50% de notre capacité à ressentir le bonheur. Notre génétique en ce qui concerne notre capacité à transporter la sérotonine et notre histoire personnelle et familiale, notamment en lien avec le type d’attachement que nous avons développé, des traumatismes éventuels, etc.
L’incidence faible de l’environnement
Si nous ne pouvons pas faire grand-chose au niveau de notre génétique, nous pouvons travailler sur notre histoire personnelle lorsque c’est nécessaire. Un travail de longue haleine, avec des périodes souvent inconfortables, mais hautement gratifiant de par les nœuds qu’il permet de dénouer, et qui impactera également notre qualité en tant que professionnel. Après tout, nous sommes tous et toutes en chemin. Nos efforts quotidiens interviendraient pour environ 40% dans notre capacité à ressentir le bonheur. Fait étonnant, notre environnement n’interviendrait que pour 10%…
Parfois, le changement est salutaire
En d’autres termes, nos lieux de vie, notre environnement professionnel, familial, amical, etc. n’ont que peu d’incidences sur notre bonheur ressenti. Cela laisse songeur… nombre d’entre nous ont l’habitude de se dire que « ça ira mieux quand… » j’aurais déménagé, quand j’aurais changé de travail, quand la direction comprendra enfin ce que nous vivons.
Je me suis dit ces phrases quantité de fois. Et de fait, parfois un changement d’environnement est salutaire et nécessaire. Au niveau professionnel par exemple, travailler dans un milieu dysfonctionnel peut impacter lourdement le plaisir à travailler et donc, le bonheur ressenti. Changer d’environnement est effectivement parfois nécessaire. Rester dans une situation abusive n’est jamais une bonne option.
Souvent, c’est notre attitude qui est à revoir
Par contre, parfois, nous rendons notre environnement responsable de tous nos malheurs, alors qu’il n’en est rien. C’est notre attitude face à notre environnement qui est à revoir, c’est à nous de nous remettre en question et de chausser d’autre lunettes sur notre vie. À nous de voir les choses autrement. Comment ? En agissant au niveau des 40% restant, à savoir nos efforts quotidiens. Car si le bonheur est un ressenti, notre capacité à le ressentir est un peu comme un petit chemin qui, à force d’être emprunté, devient une autoroute.
MF - travailleuse sociale
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