Chronique d’un psy : "Petit guide pour sortir d’une collaboration toxique"
Dans l’associatif et dans les soins de santé, souvent les métiers ont de la valeur et du sens. Étrangement, il n’est pas rare d’y croiser des personnes qui, pour de multiples raisons, sont mus par le besoin de nuire. Fort de son expérience, T. Persons nous donne quelques pistes pour s’en sortir.
Je me suis souvent dit que j’avais de la chance de faire ce métier. Psychologue… Parfois, ça du sens, on se sent utile, on a l’impression de faire quelque chose qui est valorisant. Bref, c’est cool comme position. Or, depuis que je suis gamin, j’ai le sentiment que lorsque j’ai en main un jouet sympathique, qui me convient, il y a toujours un morveux qui, pour des raisons qui lui sont propre, vient tout altérer, détruire, anéantir gratuitement. Pour asseoir sa domination, imposer sa manière de faire, montrer au monde sa souffrance tout en nous faisant souffrir. Bref, comme dirait mon grand-père spirituel, des cons, il y en a partout.
"On m’a menti, humilié, obligé à faire des choses que je n’avais pas envie de faire"
Le problème, c’est qu’ils ne sont pas que des cons. On leur donne du pouvoir, de l’impact et des responsabilités. Et ils sont peu. Mais ils font des dégâts. On m’a déjà reproché le fait de prendre des congés pour devenir papa, on a déjà dit que la qualité de mon travail – sous-payé bien évidemment – dépendait uniquement du temps que je mettais à le faire. On a remis en question mes qualités cliniques. On m’a menti, humilié, obligé à faire des choses que je n’avais pas envie de faire. Et encore, je suis un homme et j’ai la bonne couleur de peau.
Bref, vous me direz que pour se prémunir de ce qui est toxique, il suffit d’arrêter, de stopper. On leur dit non. Le problème ? C’est que le boulot est sympathique. Les collègues sont, pour la plupart, agréables. En plus, j’ai déjà essayé de me nourrir à coups de « non », cela n’est pas super vitaminé. Bref, il y a des freins. Alors on ronge le sien. On accepte, toujours plus. Ne pas savoir prononcer ou écrire mon prénom après des années de collaboration ? C’est ok. Me contacter le samedi soir pour me prévenir d’une réunion très importante le dimanche matin, on sourit, ça a du sens. Et puis un jour, on craque.
"On vous dira que vous ne collez pas aux « standards » de l’équipe"
Envoyer l’autre se faire voir. Vulgairement, avec les tripes. Démissionner, se récuser. Je vous mentirais en vous disant que ça n’a pas de prix. Financier, avant tout. Puis, il y a les patients, les suivis, les activités que l’on a mené à bien, que l’on a investi. Il faut dire adieu à tout. Et souvent sortir par la petite porte. On dira que vous n’avez plus de temps à consacrer. On vous dira que vous ne collez pas aux « standards » de l’équipe. Finalement, on vous jette et vous vous sentez un peu sale, inadéquat, presque incapable. Jusqu’à rebondir ailleurs, pour se rendre compte que même si les cons sont partout, il y en a qui nous sont plus toxiques que d’autres.
En conclusion, les gens toxiques, c’est comme les fulgurances dans la carrière de Nicolas Cage, il y a en a. Mais pas tant que ça. Par contre, quand on tombe sur eux, le mieux à faire, c’est de les dénoncer, et de partir. Loin. Vite. Sauvez votre peau, et surtout, ne laissez personne vous dévaloriser. Parfois, il faut chercher le bon endroit pour s’épanouir, et il y aura toujours des morveux pour vous casser vos jouets. C’est un amer apprentissage à faire, malheureusement.
T. Persons
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