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Travailleur social indépendant : en pratique

12/02/24
Travailleur social indépendant : en pratique

Ça y est, vous avez décidé de sauter le pas peu commun d’allier travail social et / ou psychoéducatif et statut de travailleur indépendant. Inévitablement, de nombreuses questions se posent à vous : quel statut exactement, qu’en est-il de l’aspect financier, comment faire bouillir la marmite, sous quelle forme proposer vos services, etc. On vous dit tout dans cet article !

Toutes ces questions sont parfaitement légitimes et se les poser est gage d’une certaine maturité professionnelle, bien nécessaire lorsque l’on souhaite exercer à son compte. Avant toute chose, sachez qu’il existe de nombreux organismes et dispositifs qui peuvent vous aider à clarifier votre projet et à le mettre en forme. De plus, vous pouvez également bénéficier d’aide pour en évaluer l’aspect financier, non moins indispensable. N’oubliez pas non plus toutes les précieuses aides administratives.

Besoin d’indépendance vs besoin de sécurité

Une des premières étapes consiste à savoir si votre besoin d’indépendance l’emporte sur votre besoin de sécurité financière. Car être indépendant, quel que soit le domaine d’activité, c’est accepter de vivre avec une certaine insécurité financière. Pas de revenu mensuel garanti, des périodes plus creuses que d’autres, des charges plus élevées … Et certaines professions sont plus sujettes que d’autres à cette incertitude.

Lire aussi : Assistantes sociales indépendantes : "Pour retrouver l’essence de notre métier"

En tant que travailleur social et / ou psychoéducatif, vous devrez "faire votre trou" et trouver une clientèle sera plus difficile que pour d’autres professions, plus demandées sur le marché. À vous de faire votre introspection afin de déterminer quel besoin est le plus important pour vous.

Indépendant principal ou complémentaire

De là découlera le reste. Si votre besoin de sécurité financière est plus important que votre besoin d’indépendance, vous opterez pour un statut d’indépendant complémentaire, que vous combinerez avec un emploi salarié, à temps plein ou à temps partiel. Si votre besoin d’indépendance l’emporte, vous pourrez viser le statut d’indépendant à temps plein, en passant par l’étape précédente. Une autre possibilité, si vous le souhaitez ou si le statut d’indépendant ne vous est pas accessible, est de créer une ASBL, ce qui entraîne d’autres obligations et démarches. Vous pouvez également passer par un dispositif d’entreprise partagée, qui vous permet de proposer vos services de manière autonome, tout en disposant du statut de salarié.

Votre offre répond-elle à une demande ?

Dans tous les cas, avant de vous embarquer dans une offre de services, il importe de savoir si votre offre répond à une demande. Nous pouvons regorger de bonnes idées, rien ne dit qu’elles trouveront un écho au sein de la population. Procéder à une étude de marché, même sommaire, est une étape qui permet de gagner du temps et de l’énergie par la suite. Cela évite également, dans certains cas, bien des déconvenues.

La question financière est centrale

La question cruciale qui émerge pour tout travailleur social et / ou psycho-éducatif faisant le choix du statut de travailleur indépendant est celle du financement. En effet, nous sommes habitués à évoluer dans des milieux institutionnels ou associatifs, qui sont subventionnés, et au sein desquels les bénéficiaires ne payent pas, ou peu, les services rendus. Avec un statut indépendant, une telle possibilité n’existe pas : les coûts réels doivent être supportés par les bénéficiaires. Si tel n’est pas le cas, vous mettrez rapidement la clé sous la porte, à moins de financer vous-même les services que vous offrez, ce qui, à moins que vous ne disposiez de fonds personnels considérables, n’est pas viable.

Le nécessaire plan financier

C’est là que le plan financier entre en jeu. À cette étape, il est crucial d’être bien accompagné par un professionnel compétent, afin de déterminer la viabilité économique de votre projet. Car oui, en tant que travailleur indépendant, même à titre complémentaire, vous devez faire bouillir votre marmite.

Lire aussi : Devenir psy indépendant - Leçon 1 : franchir le pas

Votre projet d’accompagnement social et / ou psycho-éducatif doit également s’inscrire dans une logique de rentabilité économique. Vous devez non seulement rentrer dans vos frais, mais aussi vous rémunérer correctement, et ce même si vous exercez à titre complémentaire et que vos frais sont moindres. En effet, si votre emploi salarié finance de manière pérenne votre activité indépendante, vous allez rapidement vous trouver en difficulté.

Fixer un prix juste : une difficulté courante

C’est souvent là que le bât blesse pour nous, travailleurs ayant une formation dans le social ou le psycho-éducatif. Au moment d’envisager le volet financier d’une activité indépendante, une difficulté assez courante va émerger : fixer un prix juste pour nos prestations. Un tarif qui nous rémunère sans que l’on ait l’impression de voler les (futurs) clients de notre (future) entreprise. Cette question peut renvoyer à nos principes en tant que travailleur, mais aussi à la valeur que nous accordons à notre travail, à notre sentiment de crédibilité ou encore à un syndrome de l’imposteur. Elle renvoie aussi à la crainte de ne pas trouver preneur, assez courante chez tous les travailleurs indépendants.

MF - travailleuse sociale

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Commentaires - 1 message
  • Bonjour MF,
    Merci pour cette mise en lumière du travail d'AS indépendant.
    Pour compléter l'info, et rassurer les inquiets, plusieurs ASI (assistants sociaux indépendants) se sont réunis et ont fondé la FASIB (Fédération des Assistants Sociaux Indépendants de Belgique).
    La FASIB veut mettre en lumière le travail des ASI, mais elle accompagne également les porteurs de projets en prenant le temps de la réflexion et de la mise en place. Un ASI est indépendant mais pas seul :)

    aebouillon jeudi 15 février 2024 10:43

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