Elections 2024 : "Lutter contre la précarité, enfin…"
Dans sa carte blanche pour les élections de 2024, notre chroniqueuse "MF" dénonce l’inefficacité des plans récurrents contre la précarité et plaide pour des mesures structurelles profondes.
Autant être directe : on en a marre des plans. À chaque législature, c’est la même rengaine : on lance un grand plan de lutte contre ceci ou en faveur de cela. Spoiler, c’est souvent "un plan de lutte contre la précarité" ou un "plan de développement économique", ou encore un "plan de relance de l’emploi". Sauf que ça ne fonctionne pas. La précarité ne diminue pas, au contraire, d’année en année, elle augmente. Le développement économique ne se développe pas toujours dans les directions bénéfiques aux travailleurs, de même que l’emploi.
Lutter contre la précarité, c’est prendre de vraies mesures structurelles
Nous n’avons pas besoin de plans. Nous avons besoin de vraies mesures structurelles.
La précarité n’est pas un virus qu’on attrape par manque de bol et qui se soignerait grâce à un peu de poudre de perlimpinpin.
La précarité est la résultante d’une série de conditions environnementales, familiales, sociales, économiques, etc. défavorables.
Lutter contre la précarité, c’est agir au plus tôt dans la vie de tous les citoyens. C’est préparer un terrain favorable, que ce soit en termes d’accès à une éducation de qualité, à un logement décent, à des soins de santé performants, et j’en passe.
Lutter contre la précarité, ce n’est pas jeter de la poudre aux yeux avec des opérations comme Viva for Life, qui ne sont rien d’autre qu’une énorme parodie insultante, aussi bien pour les personnes en situation de précarité que pour les services qui tentent de les aider.
Lutter contre la précarité, ça s’envisage en termes de générations
Lutter contre la précarité, ce n’est pas faire un plan en 4 ou 6 ans. Lutter contre la précarité, c’est investir durablement dans l’éducation pour tous, y compris et surtout dans les quartiers abandonnés.
Lutter contre la précarité, c’est s’engager durablement pour former des citoyens instruits, intégrés, en bonne santé, ayant la capacité, les ressources et les moyens de construire leur chemin de vie dans une société réellement égalitaire.
Lutter contre la précarité, ça s’envisage en termes de générations, pas en termes de plans d’action.
Lutter contre la précarité, c’est lutter pour une société en bonne santé
Aujourd’hui, la plupart des personnes sont menacées par la précarité. De crises en crises, l’augmentation du coût de la vie et la précarisation de l’emploi aidant, la précarité ne concerne plus "que" les bénéficiaires d’allocations sociales. Ceux qui étaient déjà dans une situation précaire ont vu leurs conditions de vie empirer drastiquement, et pour tous les autres, un rien peut réellement tout faire basculer. Ceci n’est pas le reflet d’une société en bonne santé. À partir du moment où les crises ne font que s’enchaîner, on ne peut plus parler de crises, mais bien d’un système.
Lire aussi : Grand froid : le quotidien d’une directrice d’un centre pour personnes sans-abri
Ce système ne fonctionne pas. Il n’est pas tenable à long terme et les "plans" ne sont que de la poudre aux yeux, une illusion de plus. Arrêtez de gaspiller notre argent à en concevoir d’autres, nous avons besoin de vraies solutions structurelles, de celles qui mettent en œuvre un système qui va bien, car lutter contre la précarité, c’est lutter pour une société en bonne santé.
MF - travailleuse sociale
Découvrez les autres textes de l’autrice
– Secteur non-marchand : balayer devant sa porte...
– Travail social : vous avez dit piston ?
– Travailler dans le social : ces clichés qui nous collent encore et toujours à la peau
– Travail social : accueillir un nouveau travailleur, mode d’emploi
– Travail social : le pire moment pour lancer un nouveau projet
– Travailleurs sociaux : les vacances d’été, un moment si particulier
– Travail social : quand la communication fait défaut
– Ce que j’aurais aimé qu’on me dise lorsque j’ai commencé à travailler dans le social
– Travailleurs sociaux indépendants : vers un système social à deux vitesses ?
– Peut-on soigner en ne prenant pas soin de soi ?
– Rémunération : travailleur social, combien tu vaux ?
– Quand l’entretien d’embauche en dit long sur l’employeur
– Travail social : comment "gérer" son chef ?
– Viva for Life, entre cirque médiatique et charité mal placée
– Quand nos aînés sont laissés au bord de la route...
– Gestion d’un projet en travail social : les erreurs à bannir !
– Travailleurs sociaux : réunion d’équipe, les erreurs à ne pas commettre
– Travailleur social : comment démotiver un collègue compétent et investi
– Travailleur social : comment démotiver un collaborateur compétent et investi - 2e partie
– Coronavirus : à la recherche de notre humanité perdue
– Précarité du travailleur social : et si on en parlait
– Travailleurs sociaux : non prioritaires ?
– Educateur spécialisé : toujours mal considéré...
– Travail social : déceler un manipulateur et s’en protéger
– Travailleur social : (se) motiver au changement
– De l’injonction à la résilience chez le travailleur social
– Éducateur spécialisé, le parent pauvre
– Travailler en réseau : bénéfices et difficultés
– Les travailleurs sociaux sont-ils tous sur un pied d’égalité ?
– Travailleur social : gérer la lassitude professionnelle
– “Amis politiciens, voici mes revendications de travailleuse sociale ! Les entendrez-vous ? ”
– Elections : les revendications d’une infirmière et d’une travailleuse sociale
– Educ, infirmière : quel accompagnement des personnes âgées et en fin de vie ?
Ajouter un commentaire à l'article