Éducateur spécialisé : ce qu’on ne vous dit pas à l’école
Certains aspects du métier d’éducateur spécialisé sont parfois évidents et d’autres moins. Certains aspects sont idéalisés, d’autres passés sous silence. Lorsqu’on choisit ce métier, c’est forcément avec des attentes, une représentation que la réalité viendra confronter. Pour le meilleur ou pour le pire… ou pour les nuances de gris.
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Patience et longueur de temps
Il faut savoir accepter que le temps de l’intervention, le temps du travail avec les personnes soit parfois une suite de répétitions, sans que le moindre progrès ne pointe le bout de son nez. Même au bout de plusieurs années. Il faut aussi accepter que parfois les enfants de nos bénéficiaires pousseront la porte de notre service, si nous y travaillons encore. Le temps de l’évolution est parfois très long et lorsqu’elle se met en mouvement, elle ne vient pas nécessairement là où on l’attendait.
Ou au contraire, en un éclair
À l’opposé du point précédent, mais pas tout à fait non plus, il y a les passages éclairs. Placements à courte durée en attendant un port d’attache, service d’accueil de jour ou d’écoute d’urgence… Dans certains lieux, les rencontres sont éphémères, mais les détresses bien réelles. À nouveau, le temps de l’intervention n’est pas le même que celui de l’évolution et accepter de n’avoir été qu’un bref chapitre dans la vie de la personne peut être difficile. Pourtant, ce sera le cas pour beaucoup.
Travailler en équipe
Là, j’énonce une évidence. Un éducateur spécialisé travaille en équipe. Souvent oui, parfois il travaille seul, mais nous y reviendrons. Travailler en équipe peut être ardu, car il s’agit de concilier points de vue, analyses, optiques pédagogiques, objectifs qui divergent, le tout en étant attentif aux stratégies et agendas cachés des uns et des autres. En tant que stagiaire en général, on fait partie de l’équipe sans en faire partie, et donc on n’est pas réellement concerné par tout ceci. Une fois engagé, c’est une autre paire de manches.
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Travailler seul
Même au sein d’une équipe, l’éducateur spécialisé est en général seul dans sa relation avec le bénéficiaire. Le regard de l’équipe est alors salutaire pour la nécessaire prise de recul, mais il n’en reste que c’est à l’éducateur de gérer sa relation à l’autre, avec tout ce qu’elle fait émerger comme souvenirs, difficultés personnelles, familiales, traumatismes etc. Travailler en tant qu’éducateur c’est aussi et avant tout travailler sur soi pour ne pas figer la relation…
Tenue de travail
Là aussi, c’est peut-être une évidence pour certains, mais travailler en tant qu’éducateur c’est passer de plus en plus de temps derrière un bureau, les doigts sur un clavier d’ordinateur, à écrire. Des rapports, des rapports d’activité, des dossiers à compléter, des subsides à demander. Peu importe que vous préfériez le terrain, que vos compétences soient surtout relationnelles, que vous ayez des super techniques à partager lors d’ateliers, vous n’y couperez pas. Et encore plus dans les années à venir, autant le savoir.
MF - travailleuse sociale
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