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La négociation salariale, mal perçue dans le secteur social

31/05/23
La négociation salariale, mal perçue dans le secteur social

S’il est un sujet délicat, c’est bien celui de la rémunération. Et encore plus lorsqu’il s’agit de la négocier… D’autant plus si nous demandons une augmentation salariale… Qui plus est lorsqu’on est travailleur social ! En effet, nous travaillons souvent dans le secteur public ou dans l’associatif, où les rémunérations sont définies par des barèmes et où, dans un cas comme dans l’autre, l’argent ne coule pas à flots.

Alors comment faire lorsqu’on désire que notre rémunération soit revalorisée ? Même si la pratique est peu usitée et que les modes de négociation du secteur marchand s’appliquent difficilement au nôtre, une certaine marge de manœuvre existe malgré tout.

Une pratique peu courante et mal perçue

Tout d’abord, il est utile de prendre conscience que la négociation salariale est assez mal perçue dans le secteur social. Il est généralement établi que l’évolution salariale se fait selon le barème du travailleur, défini préalablement à l’embauche de ce dernier, le plus souvent par l’employeur. Négocier son salaire est donc une pratique peu courante dans notre secteur, du moins en ce qui concerne les travailleurs sociaux. Cette pratique est en effet plus facilement admise en ce qui concerne les postes à plus haut niveau de responsabilités.

Négocier une meilleure rémunération préalablement à l’embauche

Ceci étant dit, il est donc préférable de négocier son salaire au moment du recrutement. En effet, il est généralement mentionné une éventuelle possibilité de reprise d’ancienneté probante dans l’offre d’emploi. Il est préférable de se positionner à ce moment-là et de négocier en amont une reprise d’ancienneté plus importante, plutôt qu’après coup, surtout si le moment de la négociation arrive peu de temps après l’embauche et que rien ne le justifie réellement.

Avoir de bons arguments en sa faveur

En effet, il est nécessaire de savoir pour quelles raisons nous souhaitons que notre salaire soit revalorisé. S’agit-il d’une mécompréhension des conditions d’embauche de notre part ? Si oui, négocier une augmentation devient un jeu dangereux : ce faisant, nous ne nous dévoilons pas sous notre meilleur jour, car nous démontrons que nous n’avons pas compris un point élémentaire de notre contrat de travail. De là à penser que nos compétences ne sont pas celles que nous prétendons, il n’y a qu’un pas …

Par exemple, une évolution de nos responsabilités

Si par contre, au fil du temps, nos responsabilités ont évolué et ne correspondent plus à l’intitulé de notre fonction de départ, alors, nous avons de bonnes cartes en main pour négocier une revalorisation salariale. Par exemple si, dans les faits, nous assumons des responsabilités de coordination et que nous sommes engagés en tant que travailleur social, nous pouvons demander à changer de barème.

Pour ce faire, il est nécessaire de préparer le terrain en listant point par point nos responsabilités effectives, ainsi que les tâches qui nous sont dévolues et qui ne figuraient pas dans notre description de fonction de départ. Préparons également notre argumentation en mettant en avant la manière dont nous nous acquittons de nos différentes responsabilités.

Ou une acquisition de nouvelles compétences

De même, si nous avons, au fil du temps, acquis de nouvelles compétences via des formations ou une reprise d’études, il peut être envisageable de demander une revalorisation salariale, surtout si ces nouvelles compétences sont exploitées par notre employeur.

Que ce soit dans ce cas ou dans le précédent, il y a lieu de soigneusement préparer notre demande. Tout d’abord en étant au clair avec nous-mêmes. Que désirons-nous réellement ? Ensuite en n’ayant pas peur de lister objectivement nos responsabilités réelles et surtout la manière dont nous nous en acquittons. Il ne s’agit pas de vantardise, mais d’objectivité. Ne minimisons pas notre travail et notre valeur professionnelle. Bien entendu, pour avoir des arguments en notre faveur, il faut pouvoir démontrer que nous nous acquittons correctement de ces nouvelles tâches / responsabilités. Dès lors, il faut que nous nous en acquittions depuis un certain temps, suffisamment long pour être probant.

En clair, inutile d’essayer de négocier si cela ne fait que six mois que nous assumons de nouvelles tâches… Enfin, et la question a toute sont importance, il s’agit de savoir ce que nous ferions si cette revalorisation nous était refusée.

La négociation proprement dite

Pour formuler notre demande, il convient bien entendu de prendre un rendez-vous avec notre direction. Faut-il passer par notre N+1 si nous ne sommes pas en ligne directe avec la direction ? Pas nécessairement. Toutefois, il est de bon ton de l’avertir, ainsi, notre démarche sera totalement transparente, sachant que de toutes façons, la direction en discutera très probablement avec.

Exposons point par point notre argumentation, sans minimiser ni survaloriser les faits, mais en tâchant de rester objectif. Et enfin, ne menaçons pas de partir si cette demande était refusée, même si c’est ce que nous avons décidé, c’est une stratégie peu pertinente. Une fois la demande exposée, il importe d’en assurer le suivi en ayant un délai de réponse clair. Si au terme de ce délai, nous n’avons pas de réponse, nous pouvons relancer. En fonction de cette dernière, à nous d’aviser…

MF - travailleuse sociale

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