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Notre civilisation est-elle en train de disparaître ?

03/01/23
Notre civilisation est-elle en train de disparaître ?

Selon l’anthropologue Margaret Mead, le premier signe de civilisation dans une culture ancienne n’est pas la fabrication d’objets ou encore la maîtrise de telle ou telle technique. La preuve qu’une société a atteint le stade de civilisation est la trace d’un fémur cassé et guéri. Le premier signe de civilisation consiste donc en un acte de compassion humaine et non de production, ou même de création.

Le premier pas vers l’humanité a été un acte de compassion

Dans le règne animal, si vous vous cassez la jambe, vous mourez. Vous ne pouvez pas fuir le danger, aller boire de l’eau à la rivière ou encore chasser pour vous nourrir. Vous devenez une proie facile pour les prédateurs. Aucun animal ne survit à une patte cassée suffisamment longtemps pour que l’os guérisse. Les premières sociétés abandonnaient leurs blessés pour assurer la survie du groupe.

Un fémur cassé est la preuve que quelqu’un a pris soin du blessé, l’a mis en sécurité, l’a aidé à se rétablir. Le premier pas vers l’humanité a été effectué le jour où un groupe de personnes a décidé de s’organiser pour prendre soin du plus faible d’entre elles. Exactement ce que nous, travailleurs sociaux faisons quotidiennement, ce que nous sommes mandatés pour faire.

La compassion exige du courage

Les sociétés primitives étaient effroyablement rudes, la lutte pour la survie était réelle et quotidienne. Le fait de s’organiser en groupes ne signifiait pas pour autant être civilisés : un blessé mettait en péril la survie de tous. Prendre le temps de soigner la personne, de la nourrir, de l’aider à se rétablir a donc été un acte d’un grand courage. Il en faut, du courage pour faire preuve de compassion lorsque les temps sont durs.

Et au fil de notre évolution, les temps ont été durs. Actuellement, ils le sont encore, d’une autre manière. Les réalités économiques peuvent inciter à abandonner ce qui fait de nous une civilisation, à savoir l’aide aux plus faibles d’entre nous.

Nous sommes le dernier rempart

Nous, travailleurs sociaux, mais aussi bénévoles associatifs, familles aidantes, citoyens impliqués, sommes le dernier rempart lorsqu’il s’agit de prêter attention à conserver ce qui fait de nous une civilisation. Aussi triste que soit ce constat, nous ne pouvons pas nous fier à nos représentants politiques s’agissant de préserver ce qui fait de nous une civilisation, leur vision n’allant guère plus loin que la prochaine législature. C’est à nous d’être vigilants concernant la nature de notre travail, les tâches qui nous sont demandées. Vont-elles, à long terme, dans le sens de la civilisation ou non ?

Le courage ordinaire

C’est à notre « courage ordinaire » qu’il nous faut recourir : refuser de fermer les yeux, questionner les nouvelles procédures, oser aller plus loin que ce qui est subventionné, etc. Cela ne fera pas de nous des héros, mais cela assurera à notre civilisation un rempart contre son implosion.

MF - travailleuse sociale

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