Travailleur social : à la recherche du bonheur, ici et maintenant !

C’est dans l’air du temps : une quête perpétuelle et effrénée du bonheur, générant au passage un beau chiffre d’affaires pour les gourous en tous genres, spécialistes autoproclamés de ce pas si nouveau business plutôt rentable. C’est le propre de l’être humain que de vouloir être heureux, s’épanouir, mener une vie pleine de sens. C’est aussi le propre du travailleur social que de chercher sens, épanouissement et bonheur dans son travail. Après tout, nous l’avons souvent choisi pour cette caractéristique particulière.
L’environnement : essentiel, mais pas primordial
Dans un précédent article, nous avons vu que notre génétique et notre histoire personnelle déterminent pour environ 50% notre capacité à ressentir du bonheur. Notre environnement, quant à lui, agit pour environ 10%.
Dans des cas où nous évoluons dans un environnement particulièrement néfaste, notamment lorsqu’il s’agit du milieu professionnel, il y a urgence à agir. Maltraitances et dysfonctionnements ne sont jamais à tolérer, d’autant plus que cette influence négative s’étend aux autres sphères de notre vie et peut agir à l’instar d’une boule de neige. Par contre, dans nombre de cas, il peut suffire de changer « simplement » de lunettes sur notre vie.
Les sentiers deviennent des autoroutes
En effet, environ 40% de notre capacité à ressentir du bonheur vient de nos « efforts quotidiens », autrement dit de ce que nous mettons en place pour changer de lunettes, travailler notre capacité à ressentir le bonheur comme nous travaillons notre endurance, notre force physique, comme nous empruntons un petit chemin tellement de fois qu’il s’élargit jusqu’à devenir une autoroute.
Plaisir et engagement
Ils sont simples, ces leviers sur lesquels nous pouvons agir. Le premier est celui du plaisir. Faire ce qui nous fait plaisir. Partager un bon moment avec des collègues que nous apprécions, prendre une vraie pause, s’octroyer un moment privilégié. Le faire souvent et le savourer pleinement, en conscience.
Le second est celui de l’engagement. Engagement en couple, en amitié, mais aussi vis-à-vis de la société, en se sentant utiles, en créant du lien, en se sentant connectés. Professionnellement parlant, pour ceux qui l’ont perdu de vue, c’est se rappeler les raisons pour lesquelles on a choisi ce métier et cet endroit pour l’exercer. C’est retrouver du sens dans son travail, voir plus loin que les galères quotidiennes, se rappeler à quel point nos actions s’inscrivent dans un tout qui est plus grand que nous et auquel nous contribuons, modestement.
Pratiquer la gratitude
Travailler sa capacité à ressentir du bonheur, c’est aussi travailler son contentement. Apprécier ce que l’on a plutôt que de chercher ce qu’il nous manque. C’est voir des motifs de gratitude même dans les ennuis du quotidien, changer de lunettes sur sa réalité. Simple, mais pas facile. Comme un muscle, ça se travaille jour après jour. C’est porter un regard neuf sur sa vie, son travail, les petites et grandes frustrations. Se rappeler qu’il y a toujours motifs de se réjouir, même dans les pires situations, car au final, elles sont formatrices. On dit que la gratitude permet d’éprouver de la joie, elle-même source de bonheur.
Travailler sa sérénité
Travailler sa capacité à ressentir du bonheur, c’est aussi travailler sa sérénité. Lâcher prise sur ce à quoi on s’accroche et que l’on ne peut de toutes façons pas changer, apprendre à choisir ses combats, à choisir ce à quoi on va consacrer son énergie intérieure et extérieure, ce qui mérite qu’on s’y investisse. C’est se débarrasser de ce qui nous encombre, de ce à quoi on attache de l’importance alors que dans 10 ans on ne s’en souviendra même plus. À nouveau, simple, mais pas facile. Travailler sa sérénité c’est aussi poser des choix. Plutôt que de ruminer, décider d’accepter ou de changer - de lunettes et/ou d’environnement.
MF - travailleuse sociale
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