Elections : les revendications d’une infirmière et d’une travailleuse sociale
En 2024, année électorale en Belgique, le Guide Social souhaite être le porte-voix des professionnel.le.s du secteur psycho-médico-social. C’est pourquoi nous relayons chaque semaine les revendications des fédérations et des actrices / acteurs de terrain du non-marchand. Cette semaine, notre chroniqueuse "MF" nous livre ses revendications en tant que travailleuse sociale qu’elle croise avec celles de Marion, infirmière depuis près de 40 ans.
Je suis travailleuse sociale depuis pas loin de 18 ans et j’ai eu l’occasion d’évoluer dans le secteur public, intercommunal, mais aussi dans des petites et grandes associations. Marion, avec qui j’ai échangé, est infirmière depuis près de 40 ans, et travaille dans le secteur des soins. Deux profils très différents, une génération d’écart entre nous et pourtant, notre constat est le même. Pour notre secteur, des revendications, nous en avons… Si elles vous parviennent, j’espère que vous les entendrez.
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Travailleurs sociaux et infirmiers : nous sommes des soignants
Marion est infirmière et travaille dans le secteur des soins à la personne. À priori, il est aisé de la définir comme une soignante. Nous, éducateurs et autres travailleurs sociaux ne sommes pas toujours décrits comme des soignants, mais c’est pourtant ce que nous sommes ! Nous prenons soin des gens, certes pas en pansant des plaies (quoique), mais nous prenons tout autant soin de leurs personnes. Je parlerai donc de « notre » secteur, car au final, si les lieux de travail ne sont pas toujours les mêmes, il y a de troublantes similitudes entre nos réalités.
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CON-SI-DERATION
« Quand va-t-ton vraiment se pencher sur le problème : le manque de considération au sens large, les normes en fait. » C’est la question scandée par Marion. Les normes d’encadrement, les cadences infernales qu’elles imposent, transformant le soignant en machine et brisant le lien humain, dont on sait pourtant qu’il peut faire des miracles sur la santé au sens large. Plus de personnel donc. Plus de moyens en fait. Plus de considération, oui, certainement. Pour le personnel, pour les patients, que nous sommes tous amenés à devenir un jour. Pour la sécurité sociale, que nous alimentons tous.
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Plus de moyens et mieux
Plus de moyens, c’est aussi ce que je vous demande. Parfois, des postes sont créés sans nécessité et le constat est là : de besoin, il n’y a pas (ou plus, la réalité est bien plus mouvante que le temps administratif). À côté de cela, parfois, il faudrait plus de bras, mais il est de plus en plus difficile de les obtenir, faute de financements. En fait, ce n’est pas nécessairement une question de moyens, mais plutôt de la manière dont ces moyens sont utilisés. Autrement dit, de la manière dont vous tendez (ou pas) l’oreille vers les besoins du terrain et de la manière dont l’argent public, donc le nôtre est gaspillé.
Plus de démocratie, une vraie ligne directe
Plus de démocratie, en fait, c’est là le nœud du problème. Vous faire part de notre réalité et de nos besoins ne devrait pas être si difficile. Les messages ne devraient pas transiter par mille et un intermédiaires. De fédérations en confédérations, ils ont tant d’occasion de se perdre ou d’être déformés. Dans le même temps, sans fédération, point d’oreille attentive en haut lieu. Bien entendu, il n’est pas possible de se réunir en agora, à l’instar des sociétés de la Grèce antique, mais vous ne devriez pas vivre en vase clos, dans votre tour d’ivoire impénétrable à quiconque n’est pas dans vos petits papiers.
Nous, professionnels du secteur, qui vivons notre terrain au quotidien et nous, population directement concernée par vos décisions, devrions pouvoir vous contacter en ligne directe. Et être entendus. Les statisticiens ne devraient pas être employés uniquement durant les périodes de campagnes électorales.
MF - travailleuse sociale
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